Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/283

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empires. Ce Signe, je l’ai bien vu, tout à l’heure, étinceler sur chacun de ces tombeaux, montrant les pistolets jetés à terre, au feu de ces armes traîtres, — lorsque, sur toi…

Elle enlace Axël de ses bras, passionnément.
Axël

— Elle t’inspirait, dis-tu, Sara ?

Sara

Oh ! mille pensées !… Je me souvenais, par exemple, que l’un des voyants de l’Humanité s’en était tenu à la forme de cette fleur pour exprimer, en ses vers, les cercles sacrés et vermeils des paradis de la nouvelle Espérance ! — Puis, songeant aux hommes moqueurs, je ne pouvais, malgré le froid indicible, résister à sourire — en me rappelant que le plus grave, oh ! le plus industrieux des peuples s’était entre-immolé lui-même, pendant un siècle, pour des roses. — Un silence. Oui, ce fut ma seule compagne et ma mystérieuse amie pendant la longue route ; alors que, vêtue en pèlerin, je marchais, les yeux fixés sur l’étoile qui brille sur tes forêts, pendant que le passant m’outrageait dans le crépuscule ! Et le cher parfum de cette fleur auxiliatrice me ranimait, lorsque avant la