Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/264

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où se réalise, comme en se jouant, l’Extraordinaire ?

Au lendemain de l’ukase sénatorial, voici qu’un actualiste à tous crins, un novateur de génie, le major Hilarion des Nénufars, a trouvé le biais pratique si désiré des chères mécontentes.

Il va dissiper les moues les plus rêveuses et ramener le sourire, depuis quelques jours disparu, sur les visages délicieux de nos dernières sentimentales.

Grâce à son éclairé savoir-faire, l’agence du Chandelier-d’Or s’est organisée : elle a conquis, dès son aurore, la vogue du Tout-Paris élégant : y recourir, sera pour les mondaines, le suprême pschuttisme, cet automne. Elle entreprend la location de… Roméos de fantaisie, de simili-séducteurs, lesquels se chargent, moyennant quelques futiles billets de banque, de se laisser prendre en un flagrant délit d’adultère fictif, avec celles qu’ensuite des amants réels épouseront tranquillement dans un temps moral après l’esclandre.

Maison de confiance.

Présentant des garanties spéciales, elle fournit, dans les conditions les plus sérieuses, les gens de paille du Divorce. Institution légale et régulière, elle s’adresse aux dames qui, désabusées d’un hymen sans idéal, sont, néanmoins, soucieuses de tenter un nouvel essai loyal du mariage.

Quant aux sécurités, le major a tout prévu ! Considérant sa mission, dans la société moderne, comme presque sacerdotale, le sympathique entrepreneur