Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/266

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Au début même de son entreprise, le major Hilarion des Nénuphars, ayant compris que, pour l’avenir de sa maison-mère, il devait s’entourer d’une auréole de représentants dignes du scabreux ministère dont il se proposait de les investir, son choix se fixa, du premier coup d’œil, sur l’élite brillante de ces jeunes hommes qui, après avoir mené des trains « princiers » aux beaux jours de l’Union Générale, avoir épuisé les amours délicates et faciles qu’offrent les plages en renom, — et s’être vu la fleur des soupers tout en lumières, se sont réveillés, un beau matin, radicalement dédorés par la soudaine rafale du Krach.

Dès ce moment psychologique, le sagace major, comme un pressentiment de ses destinées, n’avait jamais perdu de vue les principaux décavés d’entre cette jeunesse parisienne, au dehors demeurés élégants quand même, au dedans harcelés par la fringale. Aussi, lui parurent-ils, maintenant, comme noyau de fondation, les plus aptes à cet emploi de sycophantes officiels que légitimaient les restrictions de la loi. — Ce fut donc le soir même où celle-ci fut promulguée qu’il convoqua ces désillusionnés dans une salle de conférences, louée à cet effet.

La Salle solennelle de la Société de Géographie referma sur eux ses portes indiscrètes.

Là, sans ambages, ni préambules, leur ayant exposé,