Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/372

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l’étrangeté fatale de ce visage, dont la beauté ne s’oubliait plus.

Et le saillant des tempes altières, l’ovale subtil des joues, les cruelles narines déliées qui frémissaient au vent du péril, la bouche touchée d’une lueur de sang, le menton de spoliatrice taciturne, ce sourire toujours grave où brillaient des dents de panthère, tout cet ensemble, ainsi voilé de lointains sombres, devenait de la plus magnétique séduction lorsqu’on avait subi le rayonnement de ses yeux étoilés.

Une énigme inaccessible était cachée en sa grâce de péri.

Joueuse avec ses guerrières, des soirs, sous la tente ou dans les jardins de ses palais, si l’une d’entre elles, d’une charmante parole, s’émerveillait des infinis désirs qu’élevait, sur ses pas, l’héroïque maîtresse du Habad, Akëdysséril riait, de son rire mystérieux.

Oh ! posséder, boire, comme un vin sacré, les barbares et délicieuses mélancolies de cette femme, le son d’or de son rire, — mordre, presser idéalement, sur cette bouche, les rêves de ce cœur, en des baisers partagés ! — étreindre, sans paroles, les fluides et onduleuses plénitudes de ce corps enchanté, respirer sa dureté suave, s’y perdre — en l’abîme de ses yeux, surtout !… Pensées à briser les sens, d’où se réfléchissait un vertige que ses augustes regards de veuve, aux chastetés désespérées, ne refléteraient pas. Son être, d’où sortait cette certitude désolatrice, inspirait, au fort des assauts