Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/375

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précipitant ses cheveaux [sic] à feu d’étincelles, renversant les psylles terrifiés, écrasant des serpents sous la lueur des roues, s’enfonça, toute seule, flèche lumineuse, sous les noirs ombrages de Sivâ, qui prolongeaient l’horreur de leur solitude jusqu’au temple fatal.

On la vit bientôt décroître, dans l’éloignement, devenir une clarté, — puis, comme une scintillation d’étoile…

Enfin, tous, confusément, l’aperçurent, lorsque, parvenue à l’éclaircie septentrionale, elle arrêta ses chevaux devant les marches basaltiques au delà desquelles, sur la hauteur, s’étendaient les parvis du sanctuaire et ses colonnades profondes.

Retenant, d’une main, le pli de sa robe d’or, elle gravissait, maintenant, là-bas, les marches redoutées.

Arrivée au portail, elle en heurta les battants de bronze du pommeau de son cimeterre, et de trois coups si terribles, que la répercussion, comme une plainte sonore, parvint, affaiblie par la distance, jusqu’à la place de Kama.

Au troisième appel, les mystérieux battants s’ouvrirent sans aucun bruit.

Akëdysséril, comme une vision, s’avança dans l’intérieur de l’édifice.

Quand sa personne eut disparu, les hautes mâchoires métalliques, distendues à ses sommations, refermèrent leur bâillement sombre sur elle, poussées par les bras invisibles des saïns, desservants de la demeure du dieu.