Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/156

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— Vous pouvez continuer de vous tenir ainsi demain, dit Forsiani ; mais soyez maître de vous comme ce soir. Pas de folies, mon cher enfant !… — pas encore, du moins, ajouta-t-il avec un sourire.

— Soyez tranquille, monseigneur, répondit Wilhelm.

Ils prirent un temps de galop. Arrivés au quai de la Trinité :

— Au revoir, Wilhelm, dit l’ambassadeur ; si vous avez besoin de votre vieil ami, vous m’écrirez à Naples.

Le jeune homme se pencha vers le prince et l’embrassa d’un mouvement spontané.

— Allons, courage ! ajouta le prince Forsiani d’une voix un peu émue : sans vous en douter, le plus difficile est fait. Courage et au revoir !… Vous voilà dans la vie ! Marchez.

Il lui pressa fortement la main et partit vers la via Larga.

Le jeune homme demeura seul, une minute, rêveur et immobile. Le ciel était bleu, les étoiles brillaient, les orangers embaumaient, la nuit était sereine et tiède.