Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/174

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Elle ne tenait, sans doute, à cette beauté, réellement merveilleuse du reste, que comme à une arme de plus ; — et l’on sait qu’en Italie, et particulièrement en Toscane, la beauté des femmes dure communément beaucoup plus d’années que dans les autres pays. Chose reconnue, à ce qu’il paraît, mais assez bizarre ! les plus belles femmes de la Toscane ne sont pas celles qui ont vingt ans, mais celles qui ont souvent dépassé le double. Cette circonstance, soit dit en passant, ne pouvait pas être défavorable à ses projets.

Les notes concises et les formules ignorées que les trois chercheurs d’alchimie avaient laissées dans le laboratoire, lui avaient aplani les difficultés de la science des poisons. Elle était consommée, comme Locusta, dans l’art des préparations qui foudroient, mais sans laisser de traces. Les plus étranges poisons florentins et indiens lui étaient d’un maniement familier, et souvent elle avait consacré de longues heures à les étudier et en approfondir la puissance. Retrouver les compositions subtiles et pénétrantes à l’aide desquelles la seule émanation d’un papier est mortelle, ne lui avait pas été difficile. Elle en