Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/179

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gagné Venise ou Gênes : la marquise y avait deux villas de plaisance, et de sûreté.

L’essentiel avait été d’atteindre ce but, d’être inabordable, invisible et imprenable, bon ou malgré tout le monde, elle et sa conduite, quand elle l’eût voulu, en pleine Florence et au grand soleil.

Cependant le palais ressemblait aux autres palais ; à part la grandeur et la beauté de l’architecture, il ne présentait rien de particulier. Les laquais affairés et les intendants circulaient dans les cours et dans les appartements extérieurs. Seulement il y avait peu de bruit. Le palais avait pour caractère distinctif un certain silence.

Les visites étaient très-souvent et très-agréablement reçues ; la conversation y était d’une liberté engageante ; on eût dit que les portes s’ouvraient toutes seules et que la négligence était même poussée à l’excès. À la moindre inquiétude, cependant, le train des choses y eût instantanément changé d’aspect et se fût déformé jusqu’au terrible. En trois secondes, il eût pris l’allure d’un état de siége, avec une précision et une intensité de déploiement de toutes ses forces à la fois qui