Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/188

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Il ne lui avait fallu qu’une réflexion pour la décider à ces risques et périls de déguisements ; c’est qu’elle devait faire ce que bon lui semblait, sans relever de personne.

La première fois que, devant la glace, en s’habillant, les mailles d’acier avaient brillé sur ses membres blancs et souples, elle avait eu un sourire de tristesse.

La seconde fois, elle n’y avait pas même fait attention.

Elle s’était vue forcée d’agir elle-même sans doute parce qu’elle ne tenait pas à être connue, et que, lorsqu’elle consentait à l’action, elle devait aimer à faire toute chose, si peu que ce fût, aussi exactement bien qu’il lui était permis.

La science colossale, étourdissante, extra-terrestre, l’intuitive habileté de sa main et son froid regard de génie ne pouvaient se remplacer : quelques lignes, écrites à la hâte sur ses genoux, des plaies refermées et des membres sauvés, la flétrissure et la désolation de beaucoup d’existences conjurées par un moment de sa bonne volonté et de son courage, étaient préférables à l’insuffisance de