Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/213

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je vis apparaître un vaste éléphant ; il accourait. Quand il fut arrivé tout près de moi, je lui montrai le Sud.

« Il me prit par le milieu de mon corps, m’enleva du sol et me posa doucement sur son dos. Des lianes et des feuilles épaisses y étaient assujetties, c’était un lit de repos. Pendant que j’examinais cela, je sentis qu’on me touchait l’épaule ; c’était mon cimeterre qu’il avait ramassé et qu’il me tendait.

« Je me couchai et m’ajustai, pour ne pas tomber, avec les longues lianes qui pendaient sur ses flancs : une fois bien attachée, je m’endormis, étant fatiguée, après avoir marqué dans ma mémoire le point de la Notion où j’étais restée avant cet incident. À mon réveil, le soleil était au zénith ; des palmiers, une ville d’Orient s’élevaient dans la solitude, à l’horizon. J’étais en Turquie d’Asie, c’était Bagdad. Je dénouai les lianes autour de mes membres et de mes reins ; il me reprit comme la veille (je dis la veille, mais je ne sais pas le temps que dura mon sommeil : deux ou trois jours peut-être) et me posa doucement à terre. Je lui fis