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champignon.

et avec les mêmes précautions que la première fois. Il faut, en outre, avoir soin de placer dans l’intérieur le fumier qui se trouvait à l’extérieur en premier lieu, et dont la fermentation est par suite moins avancée. En général, quelques jours après que le tas de fumier a été retourné, la fermentation reprend assez de force pour qu’il soit nécessaire d’abattre le tas et de le refaire une troisième fois.

Quelquefois, après la seconde opération, il est déjà suffisamment fait et peut être employé au montage des meules. On reconnaît que le fumier peut être employé sans danger à cet usage, quand il est devenu brun, que la paille dont il est composé a presque entièrement perdu sa consistance, qu’il est élastique, onctueux au toucher, et que son odeur n’est plus celle du fumier frais. Il est difficile d’obtenir une bonne préparation du fumier si l’on n’opère pas
Petites meules mobiles, à une pente, superposées et adossées à une muraille.
sur une certaine quantité à la fois ; on ne peut guère traiter convenablement un tas de moins d’un mètre cube : c’est là une cause fréquente d’insuccès dans les cultures bourgeoises ; on doit tâcher de l’éviter, et, si les meules à monter en demandent une moindre quantité, il faut néanmoins en préparer au moins un mètre. Ce qui ne servira pas aux champignons conserve sa valeur pour toutes les autres cultures potagères.

Le fumier est alors transporté à l’endroit où doivent être faites les meules, et mis en place immédiatement.

On peut donner aux meules la forme et les dimensions que l’on veut, mais l’expérience a montré que la meilleure manière d’utiliser complètement le fumier et l’espace dont on dispose, consiste à donner aux meules une hauteur de 0m,50 à 0m,60, avec une largeur à peu près égale à la base. Une élévation excessive de la température, par suite de la reprise de la fermentation, est ainsi moins à craindre que si les meules étaient plus grandes. Lorsqu’on dispose d’un espace assez étendu, on préfère les meules à deux pentes ou en dos d’âne, auxquelles on peut donner une longueur illimitée, en leur conservant la hauteur et la largeur indiquées plus haut. La largeur, au contraire, doit être moindre que la hauteur, lorsque les meules doivent être appuyées d’un côté et, par conséquent, ne présenter qu’une pente. On peut encore monter des meules soit dans de vieux baquets, soit dans des tonneaux sciés en deux, soit sur de simples planchettes, en leur donnant la forme d’un