Page:Viollet-Leduc - Bibliographie des chansons, fabliaux, 1859.djvu/22

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réunissant dans un cadre déterminé les efforts de son érudition, Viollet-Leduc a pu donner plus d’intérêt à ses études, et les rendre plus solides et plus complètes. On sait quelle faveur obtint en 1843 le catalogue raisonné de sa Bibliothèque poétique, nul doute que ce nouveau Recueil ne soit aussi bien accueilli des bibliophiles. La plupart des compilations destinées à nous faire connaître les livres s’arrêtent à la surface du volume et ne pénètrent jamais dans le sein des feuillets ; ils se contentent de nous donner le titre de chaque livre, la date de ses principales éditions, le nombre de pages qu’il contient et le nom de ses meilleurs éditeurs ; ils ajoutent à ces minces renseignements la mention de la rareté relative de l’ouvrage indiqué et celle de sa valeur vénale à différentes époques. S’ils sont ornés d’un frontispice, de gravures sur bois, sur cuivre ou sur acier, de vignettes dans le texte et de majuscules originales, ils nous le disent encore ; souvent même ils ajoutent à tout cela un fac-simile de la devise symbolique ou des armes parlantes de l’imprimeur et du libraire.

Tout cela est assurément d’un intérêt et d’une utilité indéniables ; à l’aide de ce signalement, on acquiert du premier coup le flair de l’amateur superficiel, qui consiste à ne pas se tromper sur la valeur relative des ouvrages de son goût. Mais cela ne suffit pas au véritable bibliophile ; il lui faut davantage que ce plan linéaire sans physionomie, car, après avoir consulté ces sortes de dictionnaires, on peut fort bien se tromper sur le fond et acheter pour un livre agréable un livre ennuyeux, un livre vide pour un livre plein, un ouvrage abject à la place d’un ouvrage utile et intéressant. Cependant on ne saurait demander davantage à ces énormes catalogues dont le but principal est de contenir une nomenclature à peu près complète, but qu’ils ont déjà tant de peine à attendre, témoin le Manuel du libraire de M. Brunet à propos duquel, bien qu’il soit regardé comme un type d’universalité, on lit si souvent dans les catalogues ordinaires cette phrase significative dont on a trop abusé : Livre inconnu de M. Brunet.

Comme compléments à ces utiles encyclopédies bibliographiques, le bibliophile qui lit ses livres a besoin de recueils où il