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La plupart des maître-autels des cathédrales ou principales églises de France étaient encore, il y a un siècle, entourés de colonnes en cuivre, surmontées de statues d’anges également en métal, tenant les instruments de la Passion ou des flambeaux (voy. Autel).

Les sommets des flèches en bois, recouvertes de plomb, ou l’extrémité des croupes des combles des absides, étaient couronnés de figures d’anges en cuivre ou en plomb, qui sonnaient de la trompette, et, par la manière dont leurs ailes étaient disposées, servaient de girouettes. Il existait à Chartres et à la Sainte-Chapelle du Palais, avant les incendies des charpentes, des anges ainsi placés. Des anges sonnant de la trompette sont quelquefois posés aux sommets des pignons, comme à Notre-Dame de Paris ; aux angles des clochers, comme à l’église de Saint-Père-sous-Vézelay. À la base de la flèche en pierre de l’église de Semur-en-Auxois, quatre anges tiennent des outres suivant le texte de lapocalypse (chap. VII) :

« … Je vis quatre anges qui se tenaient aux quatre coins de la terre, et qui retenaient les quatre vents du monde…. » La flèche centrale de l’église de l’abbaye du Mont-Saint-Michel était couronnée autrefois par une statue colossale de l’archange saint Michel terrassant le démon, qui se voyait de dix lieues en mer.

Dans les constructions civiles, on a abusé des représentations d’anges pendant les XVe et XVIe siècles. On leur a fait porter des armoiries, des devises ; on en a fait des supports, des culs-de-lampe. Dans l’intérieur de la clôture du chœur de la cathédrale d’Alby, qui date du commencement du XVIe siècle, on voit, au-dessus des dossiers des stalles, une suite d’anges tenant des phylactères (9).

ANIMAUX, s. m. Saint Jean (apocalypse, chap. IV et V) voit dans le ciel entr’ouvert le trône de Dieu entouré de vingt-quatre vieillards vêtus de robes blanches, avec des couronnes d’or sur leurs têtes, des harpes et des vases d’or entre leurs mains ; aux quatre angles du trône, sont quatre animaux ayant chacun six ailes et couverts d’yeux devant et derrière : le premier animal est semblable à un lion, le second à un veau, le troisième à un homme, le quatrième à un aigle. Cette vision mystérieuse fut bien des fois reproduite par la sculpture et la peinture pendant les XIIe, XIIIe, XIVe et XVe siècles. Cependant, elle ne le fut qu’avec des modifications importantes. On fit, dès les premiers siècles du christianisme, des quatre animaux, la personnification des quatre évangélistes : le lion à saint Marc, le veau à saint Luc, l’ange (l’homme ailé) à saint Matthieu, l’aigle à saint Jean ; cependant saint Jean, en écrivant son Apocalypse, ne pouvait songer à cette personnification puisque alors les quatre évangiles n’étaient pas écrits. Toutefois, l’Apocalypse étant considérée comme une prophétie, ces quatre animaux sont devenus, vers le VIIe siècle, la personnification ou le signe des évangé-