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France, d’autels complets d’une certaine importance antérieurs au XIIe siècle.

On en trouve figurés dans des manuscrits ou des bas-reliefs avant cette époque, mais ils sont très-simples, presque toujours sans retables, composés seulement d’une table supportée par des colonnes et recouverte de nappes tombant sur les deux côtés jusqu’au sol. L’usage des retables est cependant fort ancien, témoin le retable d’or donné par l’empereur Henri II à la cathédrale de Bâle, en 1019, et conservé aujourd’hui au musée de Cluni (voy. Retable) ; le grand retable d’or émaillé et enrichi de pierreries déposé sur le maître autel de l’église Saint-Marc de Venise, connu sous le nom de la Pala d’oro, et dont une partie date de la fin du Xe siècle ; celui conservé autrefois dans le trésor de Saint-Denis. L’autel étant consacré dès les premiers siècles, aucune image ne devait y être déposée en présence de l’Eucharistie ; mais le retable ne l’étant point, on pouvait le couvrir de représentations de personnages saints, de scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Sauf dans certaines cathédrales, à dater du XIIe siècle, les autels sont donc surmontés de reta-

    voici un exemple qui ne peut pas raisonnablement être contesté. Bernon I, abbé de Cluni, rapporte (apud S. Odon, abb. Cluniac., L. 2) « qu’aussitôt qu’on eut mis, pour quelques jours seulement, les reliques de sainte Gauburge sur l’autel d’une église de son nom, et voisine de Cluni, les miracles qui s’y faisoient cessèrent ; et que cette sainte, étant apparue à l’un des malades qui imploroit son assistance, lui dit que la raison pour laquelle il ne recouvroit pas la santé, étoit parce qu’on avoit mis ses reliques sur l’autel du Seigneur, qui ne doit servir qu’à la célébration des mystères divins. Ce qui donna occasion de les en ôter et de les rapporter dans le lieu où elles étoient auparavant. Et au même instant les miracles continuèrent de s’y faire » Guillaume Durand, dans son Rational des divins offices (chap. III, p. XXV), qui date du XIIIe siècle, admet les châsses des saints sur les autels. Il dit : «… Et les châsses (capsæ) posées sur l’autel, qui est le Christ, ce sont les apôtres et les martyrs… »