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suffit pour empêcher la braise de calciner l’extrados des voûtes, surtout si la chape est en plâtre. Nous avons vu aussi des chapes de voûtes faites en ciment de brique dans les édifices du Languedoc. La chape a cet avantage encore de garantir les voûtes des filtrations d’eau pluviale, lorsque les couvertures sont en mauvais état ou lorsqu’on fait des réparations aux toitures. Sur les voûtes ogivales, les chapes sont faites avec soin ; elles étaient surtout destinées à les garantir pendant le laps de temps qui s’écoulait entre leur achèvement et le montage des charpentes. À cet effet, dans les reins des voûtes, sont ménagées des cuillers en pierre avec gargouille extérieure, qui ne servaient que pendant cet intervalle de temps et aussi dans le cas de dégradations à la couverture[1] (v. Gargouille, Voûte).

CHAPELLE, s. f. « Dans Plusieurs endroits on appelle les prêtres, dit Guillaume Durand[2], chapelains (capellani), car de toute antiquité les rois de France, lorsqu’ils allaient en guerre, portaient avec eux la chape (capam) du bienheureux saint Martin, que l’on gardait sous une tente qui, de cette chape, fut appelée chapelle (a capa, capella). Et les clercs à la garde desquels était confiée cette chapelle reçurent le nom de chapelains (capellani a capella) ; et par une conséquence nécessaire, ce nom se répandit, dans certains pays, d’eux à tous les prêtres. Il y en a même qui disent que de toute antiquité, dans les expéditions militaires, on faisait, dans le camp, de petites maisons de peaux de chèvre qu’on couvrait d’un toit, et dans lesquelles on célébrait la messe, et que de là a été tiré le nom de chapelle (a caprarum pellibus, capella). »

La première de ces deux étymologies est établie sur un fait. La petite cape que saint Martin revêtit après avoir donné sa tunique à un pauvre, était religieusement conservée dans l’oratoire de nos premiers rois, d’où cet oratoire prit le nom de capella. L’oratoire, depuis lors appelé chapelle, se trouvait compris dans l’enceinte du palais royal[3]. Le nom de chapelle fut, par extension, donné aux petites églises qui ne contenaient ni fonts baptismaux ni cimetières[4] ; aux oratoires dans lesquels on renfermait les trésors des églises, des monastères, des châteaux ou des villes[5], les chartes, les archives[6] des reliques considérables ; puis aux succursales,

  1. Ces gargouilles existent encore à la Sainte-Chapelle du Palais sous les pignons des fenêtres, et à Amiens ; dans ce dernier édifice, ce sont des baies assez grandes pour qu’un homme puisse y passer ; ces baies correspondent aux gargouilles qui desservent les chéneaux à l’arrivée des arcs-boutants.
  2. Rational, liv. II, chap. X, parag. 8.
  3. « Capella, postmodum appellata ædes ipsa, in qua asservata est capa, seu capella S. Martini, intra Palatii ambitum inedificata : in quam etiam præcipua Sanctorum aliorum λειφανα illata, unde ob ejusmodi Reliquiarum reverentiam ædiculæ istæ sanctæ capellæ vulgo appellantur. » Ducange, Gloss.
  4. Ibid. Joan. de Janua.
  5. Ibid.
  6. « Cancellaria : ita vero dicta quod in Capella Principis, seu oratorio Archivum, diplomata et regni monumenta olim, ut hodie, asservarentur. In Francia enim