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ne la représente, aucun texte n’en parle[1]. Le fait paraît douteux, car, contrairement aux habitudes des architectes du XIIIe siècle, rien, dans la construction en maçonnerie, n’indique que cette flèche ait dû être élevée. Peut-être quelque tour du palais, dans le voisinage de la Sainte-Chapelle, tenait-elle lieu de clocher, Louis XII, étant goutteux et ne pouvant monter à la Sainte-Chapelle par les escaliers du palais qu’il n’habitait pas, fit faire le long du flanc sud un vaste degré couvert par des voûtes et un comble. Ce degré était assez doux pour que des porteurs pussent monter sa litière jusque sous le porche. Les voûtes de cet escalier furent détruites par l’incendie de 1630[2], et remplacées par un appentis en charpente.

À l’imitation du roi de France, les grands vassaux de la couronne se firent bâtir, dans leur résidence habituelle, une sainte chapelle, et le roi lui-même en éleva quelques autres. Celle du château de Saint-Germain-en-Laye est même antérieure de quelques années à celle du Palais ; son achèvement ne saurait être postérieur à 1240. Ce très-curieux monument, fort peu connu, engagé aujourd’hui au milieu des constructions de François Ier et de Louis XIV, est assez complet cependant pour que l’on puisse se rendre un compte exact, non-seulement de ses dimensions, mais aussi de sa coupe, de ses élévations latérales et des détails de sa construction et décoration. La sainte chapelle de Saint-Germain-en-Laye a cela de particulier qu’elle n’appartient pas au style ogival du domaine royal, mais qu’elle est un dérivé des écoles champenoise et bourguignonne.

Nous en donnons (4) le plan[3]. Conformément aux constructions champenoises et bourguignonnes, les voûtes portent sur des piles saillantes à l’intérieur, laissant au-dessus du soubassement une circulation. La coupe

  1. La flèche de Charles VII vient d’être rétablie sous la direction de notre confrère M. Lassus (voy. Flèche) ; elle avait été brûlée en 1630 et remplacée par une flèche dans le goût de ce temps, qui fut détruite à la fin du dernier siècle.
  2. Nous avons encore vu quelques restes de cet escalier que les dernières restaurations ont fait disparaître. Voy. les gravures d’Israël Sylvestre, le tableau déposé au musée de Versailles représentant la visite de Louis XV enfant au palais.
  3. À l’échelle de 0,0025 pour mètre. Nous devons ces dessins à M. Millet, architecte du château de Saint-Germain-en-Laye.