Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 2.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[cha]
— 443 —

dans « la même infirmerie qu’il avoit fait bastir à ses propres cousts et déspens, avec une belle chapelle et un petit cloître pour recréer les malades[1]. » Les maisons d’asile, les maladreries, les collèges et hôtels-Dieu possédaient des chapelles plus ou moins vastes, mais toutes fort riches des dons des fidèles et, par conséquent, décorées avec luxe et remplies d’ornements précieux. Des oratoires plus modestes, et qui n’étaient souvent qu’une petite salle couverte d’un comble en charpente ou d’une voûte en moellons surmontée d’un campanile ou seulement d’un pignon percé d’une baie pour recevoir une cloche, s’élevaient près d’un ermitage ou dans les passages difficiles des montagnes, sur quelque sommet escarpé. Ces monuments isolés consacrés par quelque tradition religieuse, ou élevés par suite d’un vœu, étaient et sont encore, dans certaines provinces de France, en grande vénération ; on s’y rendait, processionnellement, un jour de l’année, pour y entendre la messe ; l’assistance se tenait dans la campagne, autour du monument, et la porte ouverte laissait voir le prêtre à l’autel. Ces chapelles sont souvent bâties sur des plans assez étranges, imposés soit par les dispositions du terrain, comme la chapelle de Saint-Michel du Puy-en-Velay, par exemple, soit par un souvenir, une tradition, la présence d’un tombeau, les traces de quelque miracle, peut-être même les restes d’un réticule antique. Il serait donc difficile de classer ces monuments qui, la plupart d’ailleurs, n’ont aucun caractère architectonique.

Nous devons cependant faire connaître à nos lecteurs quelques-unes de ces étrangetés monumentales, et nous choisirons, parmi elles, les exemples présentant des formes qui permettent de leur donner une date à peu près certaine, ou qui sortent des données ordinaires.

La chapelle de Planès, dans le Roussillon, située à six kilomètres de Mont-Louis, peut passer pour un de ces caprices de construction que l’on rencontre en recueillant ces monuments élevés au milieu des déserts. Elle se compose d’une coupole portée sur une base triangulaire et sur trois grandes niches ou culs-de-four. Construite grossièrement en moellons, il serait assez difficile de lui assigner une date précise. Cependant le système de la bâtisse et la forme du plan ne nous permettent pas de la regarder comme antérieure au XIIIe siècle.

Voici le plan (13) de cet édicule. La porte est percée en A près de l’un

  1. Ibid., 1 III.