Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 4.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[construction]
[développements]
— 136 —

poussée de l’arc agit. Rien de trop, mais tout ce qui est nécessaire, puisque cette construction se maintient depuis plus de six siècles et qu’elle ne paraît pas près de sa ruine. Il n’est pas nécessaire de rappeler ici ce que nous avons dit relativement à la fonction des colonnettes monostyles qui accompagnent les colonnes B et E, et que nous avons supposé enlevées dans la fig. 77 ; elles ne sont que des soutiens accessoires qui donnent de la fermeté et de l’assiette aux colonnes principales, sans être absolument indispensables. La charge des voûtes s’appuie bien plus sur les contre-forts, par suite de l’action de la poussée, que sur les cylindres BE (voy. fig. 33). Les groupes intérieurs de colonnettes ne portant qu’un poids assez faible, il n’était pas besoin de leur donner une grande résistance. Mais si nous avons un bas-côté, si les contre-forts, au lieu d’être immédiatement opposés à l’action des voûtes, en sont éloignés de toute la largeur de ce collatéral, alors les piles verticales doivent avoir plus d’assiette, car elles portent réellement le poids des voûtes.

La nef de la même église de Notre-Dame de Dijon est voûtée suivant la méthode gothique primitive. Les arcs ogives sont sur plan carré et recoupés par un arc doubleau. Les piles inférieures sont cylindriques, élevées en tambours et de diamètres égaux. De deux en deux, les chapiteaux diffèrent cependant, car ils portent alternativement ou un arc doubleau et deux arcs ogives, ou un arc doubleau seulement. Voici (78) une vue d’une travée intérieure de la nef de Notre-Dame de Dijon. En A′ nous avons tracé la section du sommier A, et en B′ la section du sommier B, avec la projection horizontale des tailloirs des chapiteaux. Ces chapiteaux portent une saillie plus forte du côté de la nef, pour recevoir les colonnettes qui montent jusqu’aux naissances des voûtes, toujours par suite de ce principe qui consiste à reculer les points d’appui verticaux de façon à soutirer une partie des poussées (voy. fig. 34). En C′ nous donnons la section horizontale des piles C et en D′ celle des piles D au niveau du triforium, en E′ la section horizontale des sommiers E et en F′ celle des sommiers F au niveau des tailloirs recevant les grandes voûtes. Cet aperçu général présenté, examinons maintenant avec soin la structure de cette nef.

Nous l’avons dit déjà, l’architecte de l’église de Notre-Dame de Dijon disposait d’un terrain exigu, resserré entre des rues étroites ; il ne pouvait donner aux contre-forts de la nef, étayant tout le système, une forte saillie en dehors du périmètre des bas-côtés. S’il eût suivi les méthodes adoptées de son temps, s’il se fût soumis à la routine, ou, pour être plus vrai, aux règles établies déjà par l’expérience, il eût tracé les arcs-boutants de la nef ainsi que l’indique la fig. 79. La poussée de la grande voûte agissant de A en B, il aurait posé le dernier claveau de l’arc en A et son chaperon en B, et il aurait avancé le devant du contre-fort en C de manière à ce que la ligne oblique des poussées ne dépassât pas le point G. Mais il ne peut sortir de la limite I : la largeur réservée à la voie publique ne le lui permet pas ; d’un autre côté, il ne peut, à l’intérieur, dépasser