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moins importante, et un comble très-saillant rejette les eaux loin des parements.


En plan, le premier étage donne la fig. 116, et la fig. 117 reproduit le mur de face vu de l’intérieur, avec ses arcs de décharge au-dessus des linteaux du premier étage, les bancs dans les fenêtres et la portée des poutres soutenant le solivage. Ces poutres principales, posées sur le mur de face entre les arcs, reliaient les deux murs parallèles de la maison et servaient de chaînage ; elles étaient soulagées sous leur portée par des corbeaux en bois, ainsi que le fait voir la coupe (118) (voy. Maison). C’est là l’expression la plus simple de l’architecture privée pendant le moyen âge ; mais les constructions civiles n’avaient pas toujours un caractère aussi naïf. Dans les grandes habitations, dans les châteaux, les services étant beaucoup plus compliqués, les habitants très-nombreux, il fallait trouver des distributions intérieures, des dégagements. Cependant il était certaines dispositions générales qui demeuraient les mêmes pour l’habitation seigneuriale comme pour celle du bourgeois. Il fallait toujours avoir la salle, le lieu de réunion de la famille chez le bourgeois, de la maisnée[1] chez le seigneur ; puis les chambres, avec leurs garde-robes et leurs retraits ; des dégagements pour arriver à ces pièces, avec des escaliers particuliers : c’était donc, sous le même toit, des pièces très-grandes et d’autres très-petites, des couloirs, de l’air et du jour partout. On se figure, bien à tort, que les habitations des seigneurs comme des petits bourgeois, au moyen âge, ne pouvaient être que sombres et tristes, mal éclairées, mal aérées ; c’est encore là un de ces jugements absolus comme on n’en doit point porter sur cette époque. À moins que des dispositions de défense n’obligeassent les seigneurs à n’ouvrir que des jours très-rares, ils cherchaient, au contraire, dans leurs châteaux, la lumière, l’air, la vue sur la campagne, les orientations différentes pour avoir partout du soleil ou de la fraîcheur à volonté. Pour peu que l’on prenne la peine d’y songer, on comprendra, en effet, que des hommes qui passaient la plus grande partie de leur existence à courir la campagne ne pouvaient béné-

  1. La maisnée, c’est-à-dire la maisonnée, comprenant non-seulement la famille, mais les serviteurs, les hommes et femmes à gage et tout le personnel d’un château.