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paveurs, menuisiers et peintres (car tous les intérieurs du château de Coucy étaient peints sur enduit frais). On peut donc admettre que seize cents ouvriers au moins ont travaillé à la construction de cette forteresse. Et si nous examinons l’édifice : l’égalité de la pose et de la taille, la parfaite unité de la conception dans son ensemble et dans ses détails, l’uniformité des profils, indiquent une promptitude d’exécution qui rivalise avec ce que nous voyons faire de nos jours. Une pareille activité aboutissant à des résultats aussi parfaits sous le rapport de l’exécution ne se trouve qu’exceptionnellement dans les constructions religieuses, comme, par exemple, à la façade de Notre-Dame de Paris, dans les soubassements de la cathédrale de Reims, dans la nef de la cathédrale d’Amiens. Mais ce sont des cas particuliers, tandis que dans les forteresses du moyen âge, du XIIe au XVe siècle, on retrouve toujours la trace de cette hâte en même temps qu’une exécution excellente, des plans bien conçus, des détails étudiés, nul tâtonnement, nulle indécision.

Prenons, par exemple, une des tours d’angle du château de Coucy, qui ont chacune 15 mètres de diamètre hors œuvre, non compris les talus inférieurs. Chacune de ces tours renferme cinq étages, plus l’étage de combles. L’étage inférieur, dont le sol est un peu au-dessus du sol extérieur, est voûté en calotte entre des murs d’une épaisseur de 3m, 50 c. environ, plus le talus. Au-dessus de cet étage, qui n’est qu’une cave destinée aux provisions, s’élève un étage voûté en arcs d’ogive, à six pans intérieurement. Les autres étages sont fermés par des planchers.


Voici (143) les plans superposés des étages au-dessus de la cave. Les piles de