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déjà que les constructeurs romans laissaient en évidence leurs moyens matériels de construction ; que, loin de chercher à les dissimuler, ils composaient leur architecture de ces moyens mêmes. Veut-on d’autres preuves de ce fait ? Les Romains terminaient le sommet de leurs colonnes par des chapiteaux ; mais la saillie du tailloir de ces chapiteaux ne portait rien : ce n’était qu’un ornement. Ainsi, lorsque les Romains posaient une voûte d’arête sur des colonnes, comme il arrivait fréquemment, dans les salles de thermes, par exemple, le sommier de la voûte était à l’aplomb du nu de la colonne (13).


Et alors, chose singulière et dont on ne peut donner la raison, non-seulement le fût de la colonne romaine portait son chapiteau, mais l’entablement complet de l’ordre ; de sorte que, par le fait, toute la partie comprise entre A et B ne servait à rien, et que les fortes saillies B n’avaient pu être utilisées que pour poser les cintres en charpente destinés à fermer les voûtes. Il faut avouer que c’était beaucoup de luxe pour un objet accessoire. Lorsque les constructeurs romans posent un arc sur une colonne isolée ou engagée, le chapiteau n’est qu’un encorbellement destiné à recevoir le sommier de l’arc, une saillie servant de transition entre le fût cylindrique de la colonne et l’assiette carrée du