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obligés ainsi de nous arrêter dans l’étude de l’art de bâtir des artistes du moyen âge et de reprendre une nouvelle voie ; car cet art logique se prête à toutes les exigences, à tous les besoins qui se développent, sans tenter jamais d’imposer une routine. Au moment où nous voyons les édifices religieux exclure le plein-cintre et l’art de la construction s’abandonner à une recherche excessive dans les églises, il revient, dans les constructions militaires, aux formes les plus sévères, au système de bâtisse concret, passif, aux principes, enfin, si bien développés par les Romains. Nous avons, dans les fortifications de la cité de Carcassonne, bâties à la fin du XIIIe siècle et au commencement du XIVe, un exemple frappant de cette révolution.

Comme nous avons l’occasion de présenter, dans le Dictionnaire, une grande partie des ouvrages principaux et des détails de ces fortifications[1], nous nous bornerons ici à donner, dans son ensemble et ses détails, une des défenses les plus importantes de cette enceinte, afin de faire voir à nos lecteurs ce qu’était devenu l’art de la construction militaire sous Philippe le Hardi. Nous choisissons la tour principale de cette enceinte, la tour dite du Trésau, qui ne le cède en rien aux plus belles constructions antiques que nous connaissions. Cette tour défend un des saillants de l’enceinte intérieure. Elle est construite suivant le système expliqué dans notre fig. 142(G), c’est-à-dire que ses deux étages au-dessus du sol extérieur se composent, du côté de l’attaque, de niches comprises entre des contre-forts intérieurs, niches au fond desquelles sont percées des meurtrières qui battent les dehors. D’un étage à l’autre, ces niches se chevauchent comme celles de la tour du château de Coucy.


Le sol de la ville est à 7 mètres au-dessus du sol extérieur. La fig. 149 donne le plan de la tour

  1. Voy. aussi les Archives des monum. hist., publiées, sous les auspices de M. le ministre d’État, par la Commission des monuments historiques. (Gide, édit.)