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qui n’ont pas plus de 0,07 c. à 0,08 c. d’ouverture ; en b sont les trous des hourds percés à distances égales, afin que les madriers qui doivent poser sur les solives puissent être coupés d’avance d’égale longueur ; en B, le plan du crénelage avec ses archères, lesquelles ont 0,40 c. à 0,45 c. d’ébrasement ; en C, la coupe sur un créneau ; en D, la coupe sur une archère, et, en E, la face intérieure sur le chemin de ronde. L’appui des archères est toujours placé à une assise en contre-bas de l’appui des créneaux ; et (voy. la coupe sur l’archère) l’extrémité de son talus plongeant arrive à une assise au-dessous des trous des hourds, afin que, les hourds étant posés, les arbalétriers puissent tirer sur les assaillants en-dessous des planchers de ces hourds. L’extrémité inférieure des archères est taillée ainsi que l’indique le tracé G, afin de donner plus de champ au tir sans démasquer l’arbalétrier. On voit que les détails sont combinés avec le plus grand soin ; les constructeurs observent rigoureusement les mêmes méthodes, à très-peu de différences près, pendant le cours du XIIIe siècle. Ce sont là des créneaux de courtines découverts en temps de paix et couverts seulement en cas de guerre par les toits des hourds (voy. Hourd).

Quant aux créneaux des tours couvertes, au XIIIe siècle, aux créneaux sous comble, voici comment ils sont disposés (8). Les murs ayant 0,90 c. d’épaisseur, les créneaux ont une allège A, afin de permettre aux défenseurs de voir en dehors ; ces créneaux sont munis, à l’extérieur, de deux volets à crémaillères tombant en feuillures, comme les parties supérieures des sabords des vaisseaux de guerre ; le volet inférieur roule au moyen d’un pivot horizontal dans deux colliers de fer non fermés B, de manière à ce qu’il soit facile de l’enlever en temps de guerre lorsqu’on pose les hourds ; car alors les défenseurs passent par les créneaux comme par des portes pour se ranger sur les hourds. Le volet supérieur est maintenu par deux gonds C scellés dans la feuillure et se regardant ; ces volets sont à demeure. Si deux volets ont été placés en dehors de ces créneaux au lieu d’un seul, c’est afin de rendre plus facile la dépose du volet inférieur, qu’un homme peut enlever du dedans, ainsi que nous l’avons expérimenté ; c’est afin encore, en cas d’attaque, et les hourds n’étant pas posés, de garantir les défenseurs contre les projectiles lancés du dehors de bas en haut, ce qui ne les empêche pas, en laissant entrebâillé le volet supérieur, d’avoir de l’air et du jour. Si même on laisse seulement le volet inférieur entrebâillé, on peut tirer sur des gens placés en bas des tours sans se démasquer. Ce système de volets est adopté pour les créneaux qui se trouvent percés sur les parapets des courtines à côté des portes donnant entrée du chemin de ronde dans les tours (9).

Cette précaution était nécessaire pour garantir parfaitement les hommes qui attendaient, sur le chemin de ronde, qu’on leur ouvrît la porte d’une tour, après s’être fait reconnaître. C’est ainsi que sont construits, sans exception, tous les crénelages des tours de la cité de