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absolument inutile, pure décoration qui est maintenue au moyen de trois petits pilastres isolés, destinés à empêcher son relèvement ou sa déviation hors du plan vertical. La coupe A, faite sur le milieu de l’archivolte, indique, en B, le sous-arc isolé et son petit pilastre d’axe C. Avec plus de raison, des roses circulaires, inscrites dans des triangles curvilignes, sont étrésillonnées dans les deux angles inférieurs par de petites colonnettes qui empêchent les claveaux de sortir de la courbe (3).

centréer


On voit une disposition de ce genre adoptée pour maintenir les claveaux des roses des deux fenêtres ouvertes au-dessus des portes latérales de la façade de la cathédrale d’Amiens. Par le fait, les grandes roses de nos églises françaises, à dater du milieu du XIIIe siècle, ne se composent que d’un système d’étrésillonnement de pierre (voy. Rose).

ÉTUVE, s, f. Bains. Personne n’ignore le soin avec lequel les Romains établissaient des bains publics et privés. Les anciens considéraient les bains chauds et froids non-seulement comme un des meilleurs moyens d’entretenir la santé ; mais encore c’était pour eux une habitude, un plaisir. Nos cercles dans les grandes villes, et nos cafés dans les petites localités, sont les seuls établissements, aujourd’hui, qui peuvent nous donner l’idée de ce qu’étaient les bains chez les Romains. On se rendait aux bains pour se baigner, mais plus encore pour se réunir, pour connaître les nouvelles du jour, pour parler de ses affaires et de ses plaisirs. Ces usages qui tiennent à une civilisation avancée devaient s’altérer évidemment lorsque les barbares se répandirent dans l’Occident. Cependant les Germains, si nous en croyons Tacite, se levaient tard et se baignaient le plus souvent dans de l’eau tiède ; après quoi ils prenaient quelque nourriture[1]. Charlemagne paraît avoir adopté entièrement à cet égard les usages des Romains. Eginhard[2] dit que ce prince aimait beaucoup les bains

  1. Statim e somno, quem plerumque in diem extrabunt, lavantur, sæpius calida, ut apud quos plurimum hiems occupat. Lauti cibum capiunt… (Germania, cap. XXII.)
  2. Vita Karoli imperatoris, § XII.