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[fossé]
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musée des Souverains, à Paris, la belle cuve de travail persan dans laquelle on prétend qu’ont été baptisés les enfants de saint Louis.

« Isnelement fist un fonz aprester,
En une cuve qui fu de marbre cler,
Qui vint d’Arrabe en Orenge par mer.
El fonz le metent : quant l’ont fet enz entrer,
Se’l baptiza li vesques Aymer[1]. »

Lorsque l’on renonça aux baptistères, on plaça cependant les fonts baptismaux dans une chapelle fermée, autant que faire se pouvait. Aujourd’hui, les fonts doivent être non-seulement couverts, mais dans un lieu séparé de la foule des fidèles par une clôture.

FORMERET, s. m. Arc recevant une voûte d’arête le long d’un mur (voy. Arc formeret, Construction).

FOSSÉ, s. m. Tranchée longue, faite dans le sol pour opposer un obstacle autour d’un camp, d’un château, d’une ville, d’un parc, d’un enclos. Il y a des fossés secs et des fossés pleins d’eau, des fossés en talus ou à fond de cuve, des fossés revêtus ou non revêtus.

Les fossés secs sont ceux qui sont taillés autour d’un château, d’un manoir ou d’une place situés en des lieux trop élevés pour pouvoir y amener et y conserver l’eau.

Les fossés pleins sont ceux dans lesquels on fait passer un cours d’eau, ou que l’on inonde au moyen d’une prise dans la mer, dans un lac ou un étang.

Les fossés en talus sont ceux simplement creusés dans un sol inconsistant, et dont l’escarpe et la contrescarpe, revêtues de gazon, donnent un angle de 45 degrés.

Les fossés revêtus sont ceux dont les parois, c’est-à-dire l’escarpe et la contrescarpe, sont revêtues d’un mur en maçonnerie avec un faible talus.

Les fossés à fond de cuve sont ceux dont le fond est plat, les parois revêtues, et qui peuvent ainsi permettre d’ouvrir des jours dans l’escarpe servant de soubassement à une fortification. Les fossés taillés dans le roc peuvent être aussi à fond de cuve.

Les Romains creusaient des fossés autour de leurs camps temporaires ou permanents. Ces fossés avaient habituellement quinze pieds d’ouverture au bord supérieur, c’est-à-dire 4m,95. Ils étaient souvent doublés, séparés par un chemin de 4 à 5 mètres de largeur. Quand César établit son camp en face des Bellovaques sur le mont Saint-Pierre, dans la forêt de Compiègne, « il fait élever un rempart de douze pieds avec parapet ;

  1. Guillaume d’Orange. Chanson de geste des XIe et XIIe siècles, vers 7584, et suiv. Baptême de Renouerd.