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propos de la bastide de Sauveterre, M. Leo Drouyn, dans l’excellent ouvrage qu’il publie sur la Guienne militaire, donne le texte des privilèges accordés à cette commune, en 1283, par Édouard Ier. Dans ce texte latin[1], nous lisons l’article suivant relatif aux enceintes et fossés :

« Item nous voulons que soldats et maîtres, bourgeois ou habitants de ladite ville, soient exempts de tous les travaux communaux (communibus), excepté ceux des ponts, des puits, des routes et clôtures de la ville, travaux auxquels les voisins du lieu sont tenus, sans aucun doute de coopérer. Pour nous, nous sommes tenus de faire la première clôture de la ville, et lesdits soldats et maîtres doivent veiller de jour et de nuit pendant l’exécution du travail ; les autres voisins sont, à leur tour, responsables des maléfices qui se commettront de jour et de nuit… » Ainsi les clôtures, c’est-à-dire les fossés et remparts, étaient faits par le seigneur, sous la surveillance de la commune, autour de ces bastides ou bourgs fondés par privilège spécial du suzerain. Les seigneurs féodaux réclamaient contre l’établissement de ces petites communes, les évêques excommuniaient et les fondateurs et les habitants ; mais ces réclamations et excommunications n’empêchaient pas les villes de s’élever.

Les murailles d’Avignon, commencées en 1349 et terminées en 1374, étaient entourées de fossés de vingt mètres de largeur environ sur une profondeur moyenne de quatre mètres au-dessous de la crête de la contrescarpe. Cette contrescarpe n’était pas entièrement revêtue ; mais, pour éviter les affouillements causés par les inondations du Rhône, on avait dallé le fond du fossé en larges pierres de taille[2]. Le Rhône, la Sorgue et un bras de la Durance remplissaient en temps ordinaire une grande partie de ces fossés.

FOUR, s. m. Four à pain. Dans les villes de France, le suzerain permettait l’établissement des fours à pain ; c’était un privilège pour les seigneurs laïques, séculiers, ou pour les abbayes, qui en tiraient un profit. Ces fours banals, chauffés par les possesseurs du privilège, étaient établis dans des logis où chacun pouvait apporter son pain et le faire cuire en payant une redevance. Quelquefois ces fours banals, établis aux

    là, et en soudant ces fragments à l’aide de commentaires. M. Champollion croit, de la meilleure foi du monde, qu’en fait de monuments, la France ne possède que des archives et des bibliothèques ; il ne comprend pas que l’on puisse distinguer une construction du XIIe siècle d’un édifice du XIVe, sans le secours des actes de fondation. Il n’admet point les classifications par écoles, et nous demande des preuves. C’est à peu près comme si on demandait à des Anglais de prouver qu’ils s’entendent lorsqu’ils parlent entre eux. Apprenez l’anglais, et vous aurez la preuve.

  1. Publié par la commission des monuments historiques de la Gironde ; 1847.
  2. Le dallage se trouve à trois mètres au-dessous du sol, lorsque les propriétaires actuels des terrains pris sur les fossés y font creuser des puits.