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même de luxe qui ont disparu depuis les guerres de religion du XVIe siècle. Notre époque se laisse aller volontiers au courant de certains préjugés qui flattent l’amour propre et dispensent d’étudier bien des questions ardues, en ce qu’elles demandent du temps et des recherches. Combien de fois n’a-t-on pas dit ou écrit, par exemple, que les maisons des villes du moyen âge ne sont que de pauvres bicoques, tristes, petites, obscures, inhabitables enfin[1] ?


Certes, les vieilles maisons de Saint-Antonin, de Cordes, de Saint-Yriex, de Montpazier, de Toulouse, de Périgueux, d’Alby, de Mont-Ferrand, de Cluny, de Provins, de Bourges, de Laon, de Beauvais, de Reims, de Soissons, de Dol, de Caen, de Chartres, de Dreux, d’Angers, etc., ne sont que des petits édifices, si on les compare à nos hôtels modernes de Paris, de Lyon ou de Rouen ; mais il ne faut pas oublier que la plupart de ces maisons anciennes, debout encore, n’existent que dans des villes singulièrement déchues, que dans des villes de deuxième ou troisième ordre, abandonnées aujourd’hui, alors riches et prospères, quoiqu’elles fussent

  1. Voir l’ouvrage de M. Champollion-Figeac, Droits et usages, déjà cité. Si un homme d’une érudition profonde partage ces préjugés, on ne doit pas s’étonner de les voir répandus dans le vulgaire.