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[meneau]
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que quand ils ont souffert des dégradations, il est facile de les restaurer ou de les remplacer comme on remplace un châssis de fer ou de menuiserie. Les meneaux de pierre ont même cet avantage qu’ils peuvent être réparés en partie s’il s’est fait quelques brisures, tandis qu’un châssis de bois ou de fer, une fois altéré, doit être refait à neuf.

Ajoutons que ces meneaux de pierre supportent des vitraux d’un poids énorme et les armatures de fer destinées à les attacher. Ne considérant ces membres d’architecture qu’au point de vue de l’effet qu’ils produisent, ils nous paraissent former des dessins d’un aspect agréable, rassurants pour l’œil et heureusement composés. C’est dans l’Île-de-France qu’il faut toujours aller chercher les meilleurs exemples de cette architecture au moment où elle se développe pour arriver aux formules. On trouve au sein de cette école, la plus pure et la plus classique de l’art du moyen âge, une sobriété, une application de principes vrais, obtenue à l’aide des méthodes les plus simples, une délicatesse dans les proportions, dans le choix des profils qui laissent au second rang les œuvres des autres provinces[1]. Nous donnons (9) une des fenêtres des chapelles du chœur de Notre-Dame de Paris, élevées en même temps que le chœur de l’église de Saint-Nazaire de Carcassonne, c’est-à-dire vers 1320.

On voit ici l’absence de toute combinaison compliquée, c’est toujours le dessin des meneaux des fenêtres de la Sainte Chapelle du Palais, mais allégé. Ces fenêtres se divisent encore en quatre travées au moyen d’un meneau central dont la section est donnée par l’axe A, et de deux meneaux secondaires dont la section dérivée de la principale est donnée par l’axe b. Soient a et a′ les axes de la section principale A. Du point B, prenant a′a″ comme rayon, on décrit l’arc concentrique au formeret CB. Donc, BC est le côté d’un triangle équilatéral. De ce même point B et du point I, milieu de la base du triangle, prenant BI comme rayon, nous traçons les arcs BE. Or, BE est égal à EC. On trace le cercle supérieur tangent aux arcs BC, IE. Tels sont les axes des membres principaux, ceux dont la section est donnée par le profil dont l’axe est A. Reportant en dedans de la fenêtre et des points aa′ une distance égale à la distance qu’il y a entre les axes A et b, en ee′ et divisant la ligne de base ee′ en deux parties égales, prenant ef comme rayon, nous traçons les arcs inférieurs efg, fe′g′, puis nous traçons le sous-arc secondaire concentrique à l’arc brisé IBE. Nous inscrivons un second cercle dont le centre est en F, tangent aux deux arcs inférieurs et à l’arc secondaire IBE. Prenant à l’intérieur de ce cercle et des arcs inférieurs une distance égale à la distance qu’il y a entre l’axe b de la section secondaire et l’axe c de la section tertiaire, nous traçons les axes des redents.

L’épure de ces meneaux est donc facile à faire, la composition est heureuse, claire, solide et d’un appareil solide, ainsi qu’on peut le voir

  1. Il ne faut pas oublier que la construction du chœur de l’église Saint-Nazaire de Carcassonne est due à un architecte du domaine royal.