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[menuiserie]
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blera entre chaque montant des traverses à tenons H et mortaises, afin de diminuer, comme nous l’avons dit, la longueur des panneaux. Ceux-ci seront souvent, lorsqu’il s’agit de lambris adossés à des murs, simplement posés en feuillure, ainsi que l’indique la coupe en I, et retenus par quelques pattes. Ces panneaux ne peuvent influer en rien sur la membrure, et s’ils sont faits en bois bien sec, n’ayant que la largeur d’une planche de merrain ou débitée comme nous l’avons marqué au commencement de cet article, tout l’ouvrage subira sans inconvénients les changements de température. Car la question principale, dans les œuvres de menuiserie, est toujours de laisser au bois la facilité de gonfler ou de se rétrécir sans influer sur les assemblages. Les tenons K des montants passent à travers la traverse haute et la corniche, afin d’empêcher le gauchissement de celle-ci, ce qui ne manque pas d’arriver lorsque ces corniches ou cimaises sont simplement embrévées à languettes dans les traverses hautes. En effet, l’épaisseur de ces corniches ou cimaises étant plus forte que celle de la traverse haute, elles ont assez de puissance, lorsqu’elles gauchissent, pour faire éclater la languette prise dans le bois de fil. Ce système de lambris à panneaux est adopté pendant les XIIIe et XIVe siècles avec des variantes dans les profils. Quant aux assemblages, jusqu’au XVe siècle, ils sont toujours francs, c’est-à-dire pris dans le bois conservant son équarrissage.

L’exemple que nous donnons, figure 7, montre les moulures de toutes les traverses poussées sans arrêts et celles des montants avec arrêts au droit de ces assemblages. Même lorsque la moulure d’encadrement des panneaux se suit sans interruption sur les montants et les traverses, ainsi que cela est souvent pratiqué dans les lambris du XVe siècle, les assemblages d’onglet sont évités. Nous en trouvons un exemple dans l’un des jolis lambris qui tapissent les chapelles de la nef de l’église de Semur-en-Auxois (8). Les montants et traverses de ces lambris ont 0m,04 d’épaisseur (1 pouce 1/2) ; on voit que le profil d’encadrement A s’arrondit en quart de cercle pour se continuer le long des montants, mais que les assemblages sont toujours francs, sans onglets. Cette moulure d’encadrement ne se retourne pas sur la traverse intermédiaire B, et celle-ci ne possède que des chanfreins peu prononcés avec arrêts au droit de chaque assemblage. Quant aux panneaux inférieurs, ils sont sans moulures d’encadrement, mais avec des chanfreins comme pour donner plus de solidité à ce soubassement. Une corniche C, dont nous donnons le profil en C′, est clouée sur la face de la traverse haute. Dans la frise supérieure D, des panneaux ajourés posés en long allégissent la boiserie. Les panneaux pleins n’ont que 0m,20 de largeur vue (8 pouces, compris les languettes), 0m,01 d’épaisseur aux rives (5 lignes), mais sont renforcés par ces nervures figurant des parchemins pliés. (Voir la section horizontale E, faite au niveau e, et la section F, faite au niveau f.) En G est tracé la coupe verticale des lambris, en H le profil de la traverse A, et en I l’arrêt de la moulure d’encadrement sur les traverses.