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passent facilement entre les joints des dalles, et ne salpêtrent pas les reins des arches, comme cela n’a que trop souvent lieu lorsque celles-ci sont pleines[1]. Ce système d’arches a encore l’avantage d’être léger, de moins charger les piles, et d’être économique, puisqu’il emploie un tiers de moins de matériaux clavés. Les tympans au-dessus de ces arcs-doubleaux sont élevés en moellon ou en pierre tendre, et peuvent être très-facilement remplacés sans qu’il soit nécessaire d’interrompre la circulation. Les exemples de ponts construits d’après ce système paraissent appartenir au commencement du XIIIe siècle, ou peut-être même à la fin du XIIe.

Pour diminuer la dépense considérable que nécessite un pont construit avec des arches de pierre, on prenait quelquefois le parti de n’élever que des piles en maçonnerie sur lesquelles on posait un tablier de bois. Tel avait été construit le pont traversant la Loire à Nantes (fig. 11).


Sur les avant-becs de ce pont s’élevaient de petites maisons louées à des marchands[2]. Entre quelques-unes des piles avaient été établis des moulins ; car il est à observer que presque tous les ponts bâtis très-proches des cités populeuses, ou compris dans leur enceinte, étaient garnis de maisons, de boutiques et de moulins. La place était rare dans les villes du moyen âge, presque toutes encloses de murs et de tours, et les ponts

  1. On remarquera que la plupart des vieux ponts présentent des altérations très-profondes dans les claveaux intermédiaires, tandis que ceux de tête sont intacts, parce qu’ils sont plus facilement séchés par l’air.
  2. Ce pont existait encore dans cet état vers le milieu du XVIIe siècle ; nous ne savons précisément à quelle époque il avait été élevé. (Voyez la Topographie de la Gaule, grav. de Mérian.)