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les rainures d′, indiquées par la ligne ponctuée : la face extérieure de cette poterne est tracée en E et sa face intérieure en F. Dans ce dernier tracé, la cheminée des câbles est indiquée par des lignes ponctuées. Des crochets i, les câbles viennent passer sur deux poulies placées à l’extrémité des chantiers de roulement, en p (voy. le plan), car on observera que ces crochets i sont scellés sur la ligne de prolongement des plans inclinés. Le plan incliné fixe et le tablier mobile sont garnis de deux longrines qui servent au roulement des fardeaux et masquent les câbles ; latéralement des taquets formant échelons permettaient à des manœuvres de monter en même temps que les fardeaux pour les empêcher de dévier. Ces taquets facilitaient au besoin la descente ou l’ascension d’une troupe d’hommes d’armes ; car cette poterne pouvait aussi servir de porte de secours. Le plan incliné était d’ailleurs masqué par un ouvrage avancé qui était élevé en dehors de la route pourtournant le château (voy. Donjon, fig. 44). Le tracé G montre une portion du tablier du pont, avec ses longrines et ses taquets-échelons. La poterne était surmontée d’une niche décorée d’une statue de l’archange Saint-Michel, que nous avons retrouvée presque entière dans les fouilles pratiquées en O ; car il ne reste debout, de cette poterne, qu’une moitié, celle de gauche. En R, est donnée la coupe d’ensemble de l’ouvrage, avec son plan incliné, à l’échelle de 0m,002 pour mètre. Cet ensemble fait voir comment on pouvait décharger les charrettes et hisser les fardeaux jusqu’au seuil de la poterne.

La poterne de ravitaillement du château de Pierrefonds est peut-être une des plus complètes et des plus intéressantes parmi ces ouvrages de défense. La simplicité de la manœuvre, la rapidité des moyens de fermeture, la beauté de la construction, ne laissent rien à désirer. Le même château possède une poterne basse, du côté du nord, qui était destinée à la sortie et à la rentrée des rondes. Cette poterne, qui s’ouvre dans un souterrain, et n’était fermée que par des vantaux, possède un porte-voix pris dans la maçonnerie, à côté du jambage de gauche et qui correspondait à deux corps de garde, l’un situé à rez-de-chaussée, l’autre au premier étage (voy. la description du château de Pierrefonds). On voit aussi parfois des poternes qui s’ouvrent sur un passage détourné, et dont l’issue est commandée par des meurtrières (voy. le plan du château de Bonaguil, à l’article Château, fig. 28).

Mais nous ne pouvons donner dans cet article tous les exemples si variés de poternes. Il en était de ce détail de la fortification comme de toutes les autres parties des places fortes ; chaque seigneur prétendait posséder des moyens de défense particuliers, afin d’opposer à l’assaillant des chicanes imprévues, et il est à croire que, dans les longues heures de loisir de la vie des châtelains, ceux-ci songeaient souvent à doter leur résidence de dispositions neuves, subtilement combinées, qui n’avaient point encore été adoptées.

Portes d’abbayes, de monastères. — Il est rare que les portes d’établissements religieux, pendant le moyen âge, aient l’importance, au point