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des livres ouverts ou fermés, hormis saint Pierre, qui porte deux clefs. Des mains du Christ s’échappent douze rayons qui aboutissent aux têtes des apôtres.

Mais la difficulté de l’interprétation se présente encore pour les sujets de la première voussure. En partant du compartiment de gauche, par le bas, on voit deux personnages assis, tenant chacun un scriptional sur leurs genoux[1]. Dans le compartiment suivant, au-dessus, est un homme richement vêtu, et une femme coiffée d’un bonnet conique. Dans le troisième compartiment, des hommes qui paraissent discuter, l’un d’eux est échevelé ; et dans le dernier compartiment on remarque deux hommes à tête de chien. De l’autre côté du Christ, le compartiment supérieur contient des personnages dont les nez sont faits en façon de groin de porc. Les trois autres cases sont remplies de figures parmi lesquelles on distingue un groupe de guerriers.

S’il faut donner une explication à ces sujets, nous serions portés à croire qu’ils représentent les divers peuples de la terre. On sait la créance qu’on donnait, pendant le moyen âge, aux fables recueillies par Pline, et corrompues encore après lui, touchant les peuplades de l’Afrique et des contrées hyperboréennes.

Ainsi, sur le tympan de Vézelay, le Christ serait placé au milieu du monde, entouré des peuples de la terre[2]. Les médaillons qui remplissent la deuxième voussure, et qui sont au nombre de vingt-neuf, représentent le zodiaque et diverses occupations ou travaux de l’année. Un ornement court sur la dernière voussure.

La sculpture de la porte principale de l’église de Vézelay est traitée de manière à fixer l’attention. Très-découpée, ayant un haut relief, les détails sont exécutés avec une grande finesse. On ne peut méconnaître le style grandiose de ces figures, l’énergie du geste, et souvent même la belle entente des draperies. Mais, à l’article Statuaire, nous aurons l’occasion de faire ressortir les qualités singulières de cette école clunisienne. Les profils sont beaux, et la sculpture d’ornement d’une hardiesse et d’une largeur de composition qui produisent un effet saisissant[3]. Il faut reconnaître que toutes les portes romanes pâlissent à côté de cette page, conçue d’une façon tout à fait magistrale.

Toutes les figures et les ornements de la porte principale de la Madeleine de Vézelay étaient rehaussés de traits noirs sur un ton monochrome blanchâtre. Nous n’avons pu découvrir, sur ces sculptures, d’autres traces de coloration.

À Autun, la porte principale de la cathédrale présente une disposition

  1. Les têtes de ces deux figures sont brisées.
  2. Voyez, dans les Archives des monuments historiques publiées sous les auspices de Son Exc. le Ministre de la maison de l’Empereur, la description des sculptures de Vézelay donnée par M. Mérimée.
  3. Voyez à l’article Architecture Religieuse, fig. 21, l’aspect intérieur de cette porte.