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architectes du moyen âge changeaient les dispositions des portes quand ils en changeaient l’échelle. Ainsi ces portes romanes, indépendamment de leur dimension, ont un tout autre caractère que les portes principales. Les portes secondaires ne sont pas un diminutif de celles-ci, et, en admettant que leur dimension ne fût pas indiquée, on ne saurait les confondre avec les larges issues pratiquées sur les façades des grandes églises. Il y a là un enseignement qui n’est pas à dédaigner ; car la qualité principale que doit posséder tout membre d’architecture, est de paraître remplir la fonction à laquelle il est destiné. Nous ne trouvons pas cependant cette apparence en conformité parfaite avec la fonction dans les monuments modernes. Beaucoup de portes secondaires de nos édifices ne sont que des copies réduites des grandes portes, possédant les mêmes membres, les mêmes proportions, les mêmes ornements diminués d’échelle.


À coup sûr, cela n’est point un progrès, puisque ce n’est pas conforme à la raison. On peut constater également que dans certains monuments de la Rome impériale, il y a inobservance de ces règles du bon sens et du bon goût, lorsqu’il s’agit de portes, et que des baies de second ordre sont composées comme les baies majeures, sans qu’on ait tenu compte de la réduction de l’échelle.

Les trois premiers exemples de portes romanes que nous venons de donner, appartiennent aux écoles bourguignonne et du centre. Celles de Vézelay et de Beaune (Côte-d’Or) se distinguent par la force des profils et la largeur de l’ornementation, parce que ces baies dépendent d’édifices où ces membres de l’architecture ont une puissance que l’on ne trouve point dans les monuments des autres provinces. Mais si nous pénétrons dans l’Île-de-France, dans le Valois et le Beauvaisis, nous voyons au contraire que les portes d’un ordre secondaire, à dater de la seconde