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Alors les claires-voies vitrées au-dessus des portes (comme à la cathédrale de Reims) éclairaient le vaisseau au-dessus de ces tambours et contribuaient à la décoration générale. L’architecte de la façade occidentale de cette cathédrale fit plus encore, il occupa tous les parements intérieurs latéraux et supérieurs des portes par des statues disposées dans des arcatures superposées.

Les tambours devant affleurer le parement, on conçoit dès lors que le revers de la façade était, à l’intérieur, digne de l’extérieur. Dans l’Île-de-France, en Picardie, et en général dans toutes les églises du moyen âge de la période dite gothique, on doit signaler les tâtonnements, ou tout au moins le défaut d’achèvement dans la composition de ces revers des portes principales et moyennes. Nous disons défaut d’achèvement, parce qu’en effet, outre les traces d’attentes qui subsistent fréquemment, on voit quelques portes secondaires dont les revers sont très-habilement composés. Sur le flanc septentrional du chœur de Notre-Dame de Paris, il existe une petite porte qui autrefois s’ouvrait sur le cloître. Cette issue, connue sous le nom de la porte Rouge, est un chef-d’œuvre de la seconde moitié du XIIIe siècle[1]. Sa sculpture, ses profils, sont d’un goût irréprochable. Or, à l’intérieur, cette porte présente une décoration sobre, bien entendue, et combinée évidemment pour recevoir un tambour de menuiserie. S’ouvrant au fond d’une chapelle, elle est surmontée d’une fenêtre que son gâble voile en partie.

À la cathédrale de Meaux, les architectes des XIIIe et XIVe siècles ont aussi décoré très-richement les revers des portes du transsept, au moyen de tout un système de pilettes, d’arcatures et de gâbles en placages. À la cathédrale de Paris même, le revers de la porte méridionale est occupé par des arcatures avec gâbles, et par deux niches ornées de dais et destinées à recevoir des statues. Mais ce pignon tout entier date de 1257. Il semblerait qu’avant cette époque, les architectes évitaient au contraire de composer des décorations de pierre au revers des grandes portes. Déjà, cependant, au commencement du XIIIe siècle, comme à la cathédrale de Chartres par exemple, les pignons au-dessus des grandes portes étaient percés de roses et de galeries à jour garnies de brillants vitraux ; il ne paraît guère probable qu’au-dessous d’une décoration aussi importante et aussi riche, on eût voulu laisser apparaître des murs nus et des revers de vantaux de bois. Remarquons que dans ces grandes églises, par suite du système d’architecture adopté, il ne restait nulle part un parement de mur, tout étant occupé par des verrières, des piles et des arcs ; par conséquent, aucune surface pour développer des sujets peints. Or, il y a tout lieu de croire que ces larges espaces sous les roses

  1. Cette porte, par son style, appartient évidemment aux reconstructions de 1257 ; bien que la plupart des Guides, nous ne savons d’après quelles autorités, la signalent comme appartenant au XVe siècle. Le XVe siècle n’a pas posé une seule pierre dans la cathédrale de Paris.