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Carlier, de quelques restes de l’ancien palais et d’un titre du règne de François Ier, qui permet la démolition des différentes parties de ce palais. Ces parties de bâtiment avaient été incendiées sous le règne infortuné de Charles VI, un siècle auparavant. »

Ce ne fut qu’après les invasions des Normands que ces résidences se convertirent en forteresses, et constituèrent les premiers châteaux féodaux. (Voy. château.)

La résidence des rois de France, dans l’île de la Cité, à Paris, était désignée sous le nom du Palais par excellence, tandis qu’on disait le château du Louvre, le château de Vincennes. Tous les seigneurs suzerains possédaient un palais dans la capitale de leur seigneurie. À Troyes était le palais des comtes de Champagne, à Poitiers celui des comtes de Poitiers, à Dijon celui des ducs de Bourgogne. Cependant, à dater du XIe siècle, conformément aux habitudes des seigneurs du moyen âge, le palais était ou fortifié ou entouré d’une enceinte fortifiée ; mais généralement il occupait une surface plus étendue que les châteaux de campagne, se composait de services plus variés, et laissait quelques-unes de ses dépendances accessibles au public. Il en était de même pour les résidences urbaines des évêques, qui prenaient aussi le nom de palais, et qui n’étaient pas absolument fermées au public comme le château féodal. Plusieurs de nos anciens palais épiscopaux de France conservent ainsi des servitudes qui datent de plusieurs siècles. Les cours, plaids, parlements, les tribunaux de l’officialité, se tenaient dans les palais du suzerain ou de l’évêque ; il était donc nécessaire de permettre au public de s’y rendre en maintes occasions. La partie essentielle du palais est toujours la grand’salle, vaste espace couvert qui servait à tenir les cours plénières, dans laquelle on convoquait les vassaux, on donnait des banquets et des fêtes. De longues galeries accompagnaient toujours la grand’salle ; elles servaient de promenoirs. Puis venait la chapelle, assez vaste pour contenir une nombreuse assistance ; puis les appartements du seigneur, les logements des familiers, le trésor, le dépôt des chartes ; puis enfin les bâtiments pour les hommes d’armes, des cuisines, des celliers, des magasins, des prisons, des écuries, des préaux, et presque toujours un jardin. Une tour principale ou donjon couronnait cette réunion de bâtiments, disposés d’ailleurs irrégulièrement et suivant les besoins.

La plupart de ces palais n’avaient pas été bâtis d’un seul jet, mais s’étaient accrus peu à peu, en raison de la richesse ou de l’importance des seigneurs auxquels ils servaient de résidence.

Le palais des rois, à Paris, dans lequel ces souverains tinrent leur cour depuis les Capétiens jusqu’à Charles V, présentait ainsi, au commencement du XIVe siècle, une réunion de bâtiments dont les plus anciens remontaient à l’époque de saint Louis, et les derniers dataient du règne de Philippe le Bel. Des fouilles récemment faites dans l’enceinte du palais de Paris ont mis au jour quelques restes de constructions gallo-romaines,