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tours commandant les dehors. C’est suivant cette donnée qu’a été conçu le donjon du château de Pierrefonds[1]. Sur les dehors, ce donjon est en effet protégé par deux grosses tours cylindriques dont le diamètre est de 15 mètres 50 centimètres hors œuvre. Ces deux tours, pleines dans la hauteur du talus, pouvant par conséquent défier la sape, renferment trois étages destinés aux provisions et à l’habitation, et un étage supérieur de défenses très-important, couronné par un crénelage double[2].

Des deux tours, à peu près pareilles dans leurs distributions intérieures, nous donnons celle d’angle, dite tour de Charlemagne[3]. Elle contient, au niveau de la cour du château, une cave voûtée, éclairée par deux meurtrières (fig. 55, en A). Un couloir B permet de communiquer des salles basses du donjon à cette cave. Par l’escalier C, on monte à la vis qui dessert tous les étages et la guette. En E, est une fosse pratiquée sous les garde-robes voisines de cette tour. Au-dessus de la cave A est une salle voûtée en arcs ogives surbaissés, qui est de plain-pied avec le premier étage du logis et dont le plan est semblable à celui de la salle G du second étage, laquelle salle est de même voûtée en arcs ogives et se trouve de plain-pied avec le deuxième étage du logis. Ces pièces hexagones sont éclairées chacune par trois fenêtres, possèdent une cheminée K et un couloir I communiquant aux garde-robes M. En O, est la cour des provisions[4]. L’escalier de la guette N met ce couloir I, et par conséquent la salle G, en communication avec le chemin de ronde P du mur de garde de la cour aux provisions, qui lui-même communique aux défenses supérieures du château.

Au-dessus de cette salle voûtée G est l’étage particulièrement réservé à la défense et dont nous traçons le plan (fig. 56). On monte à cet étage par l’escalier à vis. Une première porte L donne entrée de plain-pied sur l’aire S dallée sur la voûte de la salle du deuxième étage. Une seconde porte percée au niveau de la révolution supérieure de la vis donne accès sur le chemin de ronde R des mâchicoulis. Des arcades percées dans le mur cylindrique donnent, au moyen d’emmarchements en façon de gradins d’amphithéâtre ; du chemin de ronde R sur l’aire S placée à 3 mètres au-dessous. L’escalier à vis permet d’atteindre,

  1. Voyez Château, fig. 24, et Donjon, fig. 41, 42, 43 et 44.
  2. Ces deux tours avaient été renversées par la mine. Leurs fragments, en quartiers énormes, gisaient sur le sol ; c’est à l’aide de ces débris que ces ouvrages ont été restaurés. Les hauteurs d’étages étaient d’ailleurs indiquées par les amorces sur les bâtiments voisins conservés.
  3. Chacune des huit tours du château de Pierrefonds portait le nom du preux dont la statue est placée sur le parement extérieur. La statue de Charlemagne remplissait la niche pratiquée au sommet du cylindre de la tour d’angle du donjon. (Voyez la Notice sur le château impérial de Pierrefonds, 4e édition.)
  4. Voyez Donjon, fig. 41, 42 et 43.