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[transsept]
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distance de cet axe à la base ab est égale à la distance de cette base à l’axe V d’un arc-doubleau de travée de la nef, travée qui est plus longue que large de quelques pouces ; c’est-à-dire que tu égale uV. Le reste de la plantation s’ensuit naturellement. La distance tq est plus courte que celle tu, ce qui était la conséquence du mode de tracé et ce qui donne d’ailleurs une meilleure proportion que si ces distances eussent été égales, car alors le chœur eût paru trop profond pour le transsept.

Un autre monument de la même époque (1230 à 1240) et de la même province, présente une disposition de transsept fort remarquable, c’est l’église de Notre-Dame de Semur (Côte-d’Or). Mais à Semur le bas côté pourtournant le chœur, l’architecte a établi des chapelles latérales parallèlement aux parties droites de ce bas côté, de manière à laisser (la nef étant très-étroite) la place nécessaire aux fidèles les jours de fêtes[1]. Il est rare de rencontrer dans nos églises paroissiales ou collégiales de l’Île-de-France, de la Champagne, de la Picardie et de la Normandie des partis aussi larges et bien appropriés au service. Dans ces dernières provinces, les transsepts des églises paroissiales du XIIe siècle et du commencement du XIIIe sont peu étendus, encombrés par des piliers épais, eu égard aux vides, et ce n’est qu’en 1250 que ces édifices religieux du second ordre prennent de l’ampleur.

Par compensation, les dispositions des transsepts de nos cathédrales du Nord qui en sont pourvues, comme Laon, Reims, Amiens, Chartres, sont tracées avec une largeur et une entente des grandes réunions publiques qui ne laissent rien à souhaiter (voyez à l’article Cathédrale les plans de ces édifices). Largement éclairés par les roses qui s’ouvrent dans les pignons des croisillons et par des galeries ajourées, donnant entrée, du côté du chœur, dans de doubles collatéraux, percés le plus souvent de portes sur les voies publiques, ces transsepts de nos grandes cathédrales sont la plus belle disposition qui ait jamais été adoptée pour réunir sur un point une grande affluence de monde. Aussi les XIVe et XVe siècles n’apportèrent-ils aucun changement à ces dispositions.

Les doubles transsepts, avec doubles absides, l’une à l’orient, l’autre à l’occident, adoptés assez fréquemment par l’école rhénane pendant la période romane et jusqu’au XIIe siècle, ne se trouvent en France que dans les provinces de l’Est. Les cathédrales de Verdun et de Besançon possédaient de doubles transsepts, avec tours dans les angles rentrants des absides, celles-ci n’étant point entourées de bas côtés (voyez Architecture Religieuse, fig, 39 ; voyez aussi le plan de l’abbaye de Saint-Gall, Architecture Monastique, fig. 1).

En France, beaucoup de nos églises abbatiales et cathédrales du Nord avaient des tours élevées sur les ailes des transsepts. Cette disposition

  1. Voyez, Archives des monuments historiques, les plans et les coupes de cet édifice.