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TUILE, s. f. Tablettes de terre cuite employées pour couvrir les bâtiments. Il serait difficile de trouver l’origine de la tuile : les Asiatiques se servaient de ce moyen de couverture avant la civilisation grecque ; les Doriens faisaient usage de la tuile et la fabriquaient avec perfection ; les Romains ne couvraient guère leurs édifices qu’en tuiles ou en métal, et partout où ils ont passé, on trouve quantité de fragments de ces tuiles, dites romaines, dont la forme est connue de tout le monde.

La couverture romaine se composait de rangs juxtaposés de tuiles-canal plates, à rebords et à recouvrement, sur les joints desquels on posait des tuiles creuses également à recouvrement. La tuile plate romaine, comme la tuile grecque ; était de forme rectangulaire ; ses dimensions variaient de 0m,40 à 0m,34 de long sur 0m,27 à 0m,23 de largeur. Les longs côtés parallèles munis de rebords se recouvraient au moyen d’encoches pratiquées au-dessous des rebords, à leur extrémité inférieure. Ce système exigeait une main-d’œuvre assez difficile et beaucoup de soins pendant la mise au four. Les premiers siècles du moyen âge continuèrent tant bien que mal ce procédé de fabrication ; mais il est facile de distinguer les tuiles faites depuis le IVe siècle jusqu’au Xe, des tuiles romaines. Ces tuiles des premiers temps du moyen âge sont grossières, gauches, se recouvrent mal et sont d’une dimension plus petite que les tuiles romaines. C’est vers le XIe siècle que l’on renonça aux encoches de recouvrement. On donna, dans les provinces du midi de la France qui avaient conservé les traditions antiques la