de femmes, parce qu’elles nourrissent et caressent l’homme[1] ; mais encore les artistes du moyen âge leur donnaient-ils un caractère énergique et militant. Dans les vitraux de la grande rose occidentale de Notre-Dame de Paris, les Vertus sont armées de lances et combattent les Vices, représentés par des personnages historiques parfois. Sardanapale représente la Folie ; Tarquin, la Dissolution ; Néron, l’Iniquité ; Judas, le Désespoir ; Mahomet, l’Impiété, etc.
C’est à la cathédrale de Chartres que les artistes du XIIIe siècle ont donné aux représentations des Vertus le plus complet développement. Là[2] les Vertus ne sont point opposées aux Vices, elles se déroulent sur les voussures, en pied, et sont divisées en trois ordres : les Vertus publiques et les Vertus privées. Les Vertus de l’homme privé sont placées dans la voussure intérieure, les Vertus de l’homme social dans la voussure extérieure ; dans la voussure intermédiaire sont sculptées les Vertus domestiques. Chaque rang contient quatorze figures, en commençant par le voussoir de droite. À Chartres, les Vertus publiques présentent un grand intérêt iconographique. La première a perdu son titre ; son bouclier est chargé de roses. Didron[3] la considère comme personnifiant la Mémoire. La deuxième (fig. 3) représente la Liberté (Libertas) : son écu est chargé de trois couronnes ; elle tenait une lance dans sa main droite. La troisième est l’Honneur (Honor) ; son écu est
- ↑ « Virtutes vero in mulieris specie depinguntur, quia mulcent et nutriunt. » (Rationale divin. offic., lib. I, cap. iii.)
- ↑ Voussure de gauche du porche nord.
- ↑ Voyez l’intéressant article de Didron sur les Vertus de Notre-Dame de Chartre. (Annales archéologiques, t. VI, p. 35).
« D’une vielle pane l’orrée
De menu vair entrepelée.
Tenues levres et bouche auquaise
Ot ; je ne sai s’el fu pusnaise ;
Ou nez ot estroites narrines
Qu’ele ot gresle et lone et verrines ;
Les vaines parmi son visage
Qu’elle ot traités à grant outrage,
Le col ot lonc, nervu et gresle,
Noirs cheveus dont l’un l’autre mesle ;
Si ot granz mains et longue brache
Dont el tient fort cels qn’ele embrache.
Corone ot d’or trop merveilleuse,
Mainte pierre i ot précieuse ;
Ele ot noirs iex, fens et poingnanz.
A regarder mult resoingnanz.
Quant je l’oi grant pose esgarder
Et sa contenance avisée,
Je enquis ma dame Larguece
Qui estoit cele déablesse,
El me dist estoit Avarice,
Qui perist chascun par son visce. »