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[voûte]
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ou, si les tailloirs des chapiteaux sont carrés, comme en A, les archivoltes sont plus larges en ab qu’en cd, ou si l’on veut que les douelles des claveaux de ces archivoltes soient parallèles, les tailloirs des colonnes doivent donner des trapèzes en projection horizontale, comme en B. Dans le premier cas, ces archivoltes sont des portions de cônes ; dans le second, elles sont prises dans un cylindre : mais ces tailloirs en forme de trapèzes, si la courbe du sanctuaire n’est pas très-développée, sont d’un effet très-désagréable à l’œil, et donnent des angles aigus qui résistent mal à la charge. Vus sur la diagonale, ces chapiteaux paraissent plus saillants d’un côté que de l’autre, et semblent mal reposer sur les fûts (voyez en D). On essaya donc de s’en tenir aux tailloirs carrés ; mais, au lieu de bander les voûtes normales à la courbe du sanctuaire sur une surface conique, on maintint leurs clefs sur une ligne horizontale, et la courbe ab était en anse de panier, tandis que la courbe cd était plein cintre ; ou bien la naissance de l’archivolte était biaise de a en c et de b en d, de manière à avoir en cd comme en ab une courbe plein cintre, et cette dernière donnait alors la section d’un berceau qui pénétrait le berceau annulaire.

C’est ainsi que sont construites les voûtes du collatéral du sanctuaire de l’église de Notre-Dame du Port, à Clermont (fig. 16). Mais (voyez le plan A) si l’on voulait que l’arc ab, tracé le long du mur du collatéral, fût plein cintre, le diamètre ab étant plus grand que le diamètre cd et que le diamètre ef, la naissance de l’arc et devait être placée à un niveau très-supérieur à celui de la naissance de l’arc ab ; si bien qu’une élévation faite perpendiculairement à l’axe XO donnait la projection tracée en B. — Toujours en supposant les clefs de niveau — et qu’en coupe faite suivant OX, on obtenait la projection tracée en D, la naissance de l’archivolte suivait sur le sommier S la ligne ponctuée gh. Des voûtes ainsi conçues ne pouvaient être tracées sur l’épure avec rigueur ; on ne les obtenait que par des tâtonnements et une méthode empirique. Cependant l’archivolte ef, qui n’était qu’une pénétration et ne se détachait pas de la voûte, devait porter le mur de l’abside et ne pouvait être faite de moellons ou de blocage sur forme, il fallait qu’elle fût construite en pierres appareillées. Dès lors on conçoit les difficultés qui assaillaient les constructeurs. À proprement parler, il n’y a pas d’archivoltes ici, mais des berceaux gauches pénétrant dans un berceau annulaire. On reconnut donc bientôt qu’il y avait avantage à distinguer l’archivolte de la voûte, à la rendre indépendante. Mais alors comment faire porter les sommiers de ces archivoltes sur les tailloirs carrés des chapiteaux ? où trouver leur assiette et la naissance des voûtes ? Voici le tailloir tracé (fig. 17) (voyez en A). Les archivoltes sont projetées en DD. Nous traçons les sommiers, ou le premier claveau de ces archivoltes en aa ; il ne restera, entre leur extrados, que le tas de charge b, et l’espace cd pour la naissance de la voûte. Mais comme les naissances des archivoltes sont plus élevées que celle de la section de la voûte annulaire, il en