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[voûte]
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et figurant encore les arcs de la structure qui n’existent plus de fait. C’est ainsi que sont construites les voûtes les plus récentes de la cathédrale de Peterborough et celles de la chapelle de Henri VII à Westminster.

Ces sortes de voûtes sont très-plates. Ainsi la voûte dont la figure 40 présente l’extrados n’a, comme flèche, qu’un peu plus du quart de son diamètre. Cela seul indique les avantages que l’on pouvait tirer de ce mode de structure.

Nous avons cru nécessaire de nous étendre quelque peu sur les combinaisons qui ont amené les constructeurs anglais aux formes de voûtes en apparence si différentes des nôtres, bien que partant d’un même principe. Cette digression tend à démontrer que, d’un même principe, quand on le suit avec méthode, il peut sortir des déductions très-variées. Il est certain que du principe générateur de la voûte gothique on peut tirer d’autres conséquences encore ; que par conséquent il ne peut y avoir aucune bonne raison pour repousser ce principe excellent en lui-même, et laissant à l’architecte la plus grande liberté quant aux applications qu’on en peut faire, en raison des programmes, de la nature des matériaux et de l’économie.

Revenons à la voûte française. Nous l’avons laissée au moment où, étant arrivée à son développement, elle permet de couvrir à l’aide des arcs ou cintres permanents, portant des voûtains de moellon piqué, toutes les surfaces possibles. Ayant atteint au milieu du XIIIe siècle un degré de perfection absolu, conformément au mode admis dès le milieu du XIIe siècle, le système français ne se modifie plus ; il procède toujours de l’arc-doubleau, des arcs ogives et formerets avec ou sans tiercerons et liernes. Ce n’est guère que dans les provinces les plus septentrionales, et notamment en Normandie même, que l’application des tiercerons et liernes devient fréquente à dater de la fin du XIIIe siècle. Dans l’Île-de-France, en Champagne, en Bourgogne, les constructeurs s’en tiennent aux arcs ogives et aux arcs-doubleaux jusqu’à la fin du XVe siècle. À ce point de vue, comme procédé de structure, la voûte française ne se modifie pas. Les perfectionnements ou innovations — si l’on peut appeler innovation la conséquence logique d’un système admis tout d’abord — ne portent que sur les naissances de ces voûtes. Nous avons vu qu’en Angleterre, au moyen des courbes composées, on avait évité les difficultés résultant des courbes de rayons différents pour bander les remplissages, puisque, dans ces voûtes anglaises, dès le XIVe siècle, la courbe inférieure est la même pour tous les arcs d’une voûte. En France, sauf de très-rares exceptions, qui appartiennent à une époque relativement récente, la courbe composée n’est pas employée, les formerets, arcs-doubleaux et arcs ogives ont chacun leur courbe, qui est toujours un segment de cercle. Comme on sentait de plus en plus la nécessité de placer les clefs de ces arcs au même niveau, afin de ne pas perdre de place et de pouvoir passer les entraits des charpentes immédiatement