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LA CITÉ DE CARCASSONNE.

les hautes courtines intermédiaires (fig. 16), de manière à mieux commander la vallée de l’Aude et l’extrémité du plateau. Un fait curieux donne la date certaine de cette partie de l’enceinte qui enveloppait l’évêché. En août 1280, à Paris, le roi Philippe permit à Isar, alors évêque de Carcassonne, de pratiquer quatre fenêtres grillées dans la courtine adossée à l’évêché, après avoir pris l’avis du sénéchal, et sous la condition expresse que ces fenêtres seraient murées en temps de guerre, sauf à pouvoir les rouvrir, la guerre terminée. Le roi s’obligeait à faire, à ses dépens, les égouts pour l’écoulement des eaux de l’évêché, à travers la muraille, et à l’évêque était réservée la jouissance des étages de la tour dite de l’Évêque (tour carrée no  11, à cheval sur les deux enceintes), jusqu’au crénelage, sans préjudice des autres droits du prélat sur le reste des murailles de la ville. Or, ces quatre fenêtres n’ont point été ouvertes après coup, elles ont été bâties en élevant la courtine, et elles existent encore entre les tours nos 39, 11 et 40 ; donc ces courtines et tours datent de 1280. Du côté du midi et du sud-est, Philippe le Hardi fit couronner, exhausser et même reconstruire sur quelques points les tours des Visigoths, ainsi que les anciennes courtines. Du côté du nord, on répara également les parties dégradées des murs anciens et on éleva une large barbacane devant l’entrée du château dans l’intérieur de la ville.

L’enceinte extérieure, que je regarde comme antérieure de quelques années aux réparations entreprises par Philippe le Hardi, pour améliorer l’enceinte intérieure — et je vais en donner des preuves certaines tout à l’heure — est bâtie en matériaux (grès) irréguliers et disposés sans choix, mais présentant des parements unis, tandis que toutes les con-