Page:Viollet-le-Duc - La Cité de Carcassonne, 1888.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
L’ÉGLISE DE SAINT-NAZAIRE.

dans la construction de cette partie de l’église, et c’est pourquoi les deux bras de ce transept présentent une disposition originale qui appartient seulement à quelques édifices de l’école romane du Midi, antérieure au xiiie siècle.

En effet, sur chacun de ces bras de la croix s’ouvrent trois chapelles orientées, séparées seulement par des claires-voies au-dessus d’une arcature de soubassement aveugle. Quatre des piliers qui forment la séparation de ces chapelles sont cylindriques comme pour rappeler ceux de la nef du xiie siècle.

L’évêque Pierre de Roquefort sembla vouloir faire de sa cathédrale de Saint-Nazaire, si modeste comme étendue, un chef-d’œuvre d’élégance et de richesse. Contrairement à ce que nous voyons à Narbonne, où la sculpture fait complètement défaut, l’ornementation est prodiguée dans l’église de Saint-Nazaire. Les verrières, immenses et nombreuses (car ce chevet et ce transept semblent une véritable lanterne), sont de la plus grande magnificence comme composition et couleur. Le sanctuaire, dont les piliers sont décorés des statues des Apôtres, était entièrement peint. Les deux chapelles latérales de l’extrémité de la nef, au nord et au sud, ne furent probablement élevées qu’après la mort de Pierre de Roquefort, car elles ne se relient point au transept comme construction, et, dans l’une d’elles, celle du nord, est placé, non pas après coup, le tombeau de cet évêque, l’un des plus gracieux monuments du xive siècle que nous connaissions.

Les grands vents du sud-est et de l’ouest qui règnent à Carcassonne avaient fait ouvrir la porte principale sur le flanc nord de la nef romane ; une autre porte est percée dans le pignon du bras de croix nord ; et dans l’angle de ce