Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/14

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sanglante Révolution, qui avait déclaré une guerre à mort à toutes les institutions dont le temps avait consacré la sagesse et les bienfaits. Les collèges furent fermés ; celui de Lisieux, où M. De Guerle remplissait alors les modestes fonctions de maître-de-quartier de Rhétorique, fut fermé comme les autres. Il ne restait donc plus à notre jeune poète, ainsi privé de sa place, que deux moyens d’existence et de célébrité. Il fallait adopter et proclamer les principes du jour, ou les combattre avec énergie : prendre ce dernier parti, c’était se dévouer à l’échafaud. Le choix de M. De Guerle ne fut pas douteux : il embrassa, sans hésiter, la cause la plus honorable, mais la plus périlleuse, celle de la monarchie en danger ; et lorsqu’une poignée de braves gentilshommes levèrent au Camp de Jalès l’étendard de la légitimité contre la révolte, ce fut M. De Guerle qui rédigea cette courageuse Proclamation, ce noble appel à tous les cœurs français, qui ne fut alors entendu que d’un petit nombre, mais qui, bientôt après, retentit si victorieusement dans l’héroïque Vendée[1].

L’écrivain royaliste ne devait pas se flatter d’échapper long-temps au poignard révolutionnaire ; il y parvint cependant, mais ce fut par une espèce de

  1. Cette proclamation, qui fit tant de bruit à cette époque, fut publiée sous le nom supposé du marquis d’Arnay, et imprimée chez l’infortuné Guerbard, incarcéré sous l’Empire, pour avoir imprimé l’Oraison funèbre du duc d’Enghien.