Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cherchant à fuir, le reptile tortueux s’épuise en longs élancemens : terrible d’un côté, l’œil en feu, le cou gonflé de rage, il siffle, il dresse une tête altière ; mais affaibli de l’autre, il rampe, il s’efforce inutilement de rattacher ses nœuds, et se roule sur lui-même en replis impuissans. Telle, privée d’un rang d’avirons, la nef boiteuse se traînait sur les ondes. Cependant elle déploie ses voiles ; et ses voiles, enflées par les vents, la poussent dans le port. Énée veut que Sergeste ait part aux récompenses promises : Sergeste a sauvé son navire, a ramené ses compagnons ; et le héros lui présente une jeune esclave, Pholoé, que la Crète a vue naître, Pholoé, instruite aux travaux de Minerve, et fière de deux jumeaux qui se jouent dans ses bras.

Ce combat terminé, le fils de Vénus tourne ses pas vers un champ de verdure, que des coteaux circulaires ombragés de forêts environnent de toutes parts. L’intérieur du vallon forme un cirque naturel, couronné d’un amphithéâtre. C’est là que le héros s’arrête, là qu’entouré d’un peuple immense, il s’assied au milieu de sa cour sur un trône de gazon. Alors ouvrant la carrière à l’agilité des coureurs, il les invite à de nobles conquêtes, et fait briller à leurs yeux les prix destinés aux vainqueurs. Troyens et Siciliens, tout s’apprête ; Nisus et Euryale se présentent les premiers ; Euryale, éclatant de grâces, et dans la fleur de l’âge ; Nisus, tendre ami du jeune Euryale. Après eux vient Diorès, dont le sang illustre se mêle au beau sang de Priam. Ensuite s’avancent à la fois Salius et Patron ; l’un, enfant de l’Acarnanie ;