Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/345

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invite à ce nouveau combat ceux qui comptent sur leur adresse, et place au milieu de la lice les prix de la victoire. Aussitôt cent bras robustes arborent le mât du vaisseau de Séreste. Suspendue au sommet par un lien mobile, une colombe s’y débat sans pouvoir s’échapper : une colombe est le but que le fer ailé doit atteindre. Déjà les concurrens sont assemblés : l’airain d’un casque, urne du sort, a reçu leurs noms confondus ; et le premier que le destin amène, annonce le fils d’Hyrtacus, le jeune Hippocoon : un cri d’applaudissement s’élève de toutes parts. Au second rang paraît Mnesthée, naguère vainqueur aux courses des galères, et que ceint encore le vert feuillage de l’olivier. Le troisième est Eurytion, ton frère, ô noble Pandarus, toi qui, rompant autrefois par l’ordre de Pallas une trêve réprouvée, lanças tout à coup sur les Grecs le dard qui ralluma la guerre. Un des noms reste encore ; on tire, et du fond du casque sort enfin le nom d’Aceste, qui, même en cheveux blancs, ne craint pas de se mêler aux combats de la jeunesse.

Alors, d’un bras nerveux, tous à l’envi courbent leur arc flexible : les flèches sont tirées des carquois. Celle du bouillant Hippocoon est partie la première : la corde siffle ; le trait rapide fend la nue, et, touchant le mât dans les cieux, le perce, et s’arrête en ses flancs. L’arbre a tremblé, l’oiseau frémissant bat des ailes, et le cirque au loin résonne de bruyantes acclamations. Ensuite l’ardent Mnesthée s’avance, l’arc tendu, la flèche haute, l’œil et le trait ajustés sur le but. Malheureux ! son fer n’a pu frapper l’oiseau ;