Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/119

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les rochers fumans se perdent dans la nue. Sous leurs voûtes minées par les feux des Cyclopes, d’immenses cavernes et des antres sans fond tonnent sans cesse à l’instar de l’Etna ; sans cesse, aux coups pesans des marteaux, on entend gémir les enclumes ; le fer ardent étincelle sous le fer qui le dompte, et la flamme rugit en fureur dans ses brasiers. Demeure de Vulcain, cette île s’honore du nom de Vulcanie…. C’est là que l’immortel forgeron descend des hauteurs de l’Olympe. Alors battaient le fer dans leur antre les laborieux Cyclopes, Brontès, Stérope, et Pyracmon aux bras nus. Entre leurs mains était un foudre ébauché, un de ces foudres que Jupiter en courroux lance des cieux sur la terre. Une part est finie, l’autre imparfaite encore. Ils venaient d’y fondre trois rayons d’une grêle épaisse, trois d’une pluie orageuse, trois d’une flamme éblouissante, et trois d’un vent impétueux : maintenant ils mêlaient à l’œuvre terrible les livides éclairs, et le bruit, et la peur, et les carreaux inévitables de la colère céleste. Non loin se façonnaient pour Mars et ce char et ces roues rapides, dont le fracas réveille les guerriers, épouvante les cités éperdues. Ailleurs, c’était l’horrible égide, armure de Pallas irritée : un art industrieux en polissait les mailles d’or, y gravait, en affreux replis, les serpens de Méduse ; et sur le sein de la déesse, la tête sanglante de la Gorgone menaçait même dans la mort.

« Arrêtez, enfans de l’Etna ; laissez là, dit Vulcain, vos travaux commencés : un travail plus grand vous appelle. Il s’agit d’armer un héros : c’est