Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/135

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frais, s’étend un bois immense, religieuse enceinte, vénérée dès les premiers âges. Alentour se replie une longue chaîne de collines, dont les noirs sapins le couronnent en vaste amphithéâtre. Adorateurs de Silvain, jadis les vieux Pélasges, si l’on en croit la renommée, consacrèrent ces ombrages au dieu des champs et des troupeaux ; et sa fête, après tant de siècles, raconte encore au Latium la venue d’un peuple étranger. Non loin du fleuve, Tarchon et ses vaillans Étrusques avaient retranché leur camp sous les hauteurs voisines ; et, du sommet de la montagne, l’œil pouvait déjà découvrir leur armée toute entière, et ses nombreux pavillons couvrant la face des campagnes. C’est là que s’arrête le fils d’Anchise et sa bouillante cohorte, là que respirent enfin et les coursiers et les soldats.

Cependant la brillante déesse de Paphos, Vénus, s’avançait, portant sur un nuage éclatant les présens destinés à son fils. De loin, elle aperçoit Énée, qui seul, au détour du vallon, goûtait sous un saule écarté la fraîcheur du rivage. Alors elle se manifeste à ses yeux, et d’une voix pleine de douceur : « Les voilà, ces dons promis, ouvrage de mon époux, et chef-d’œuvre d’un art divin. Cours maintenant, mon fils, cours défier sans crainte et l’altier Laurentin et l’audacieux Turnus. » Vénus dit ; ses lèvres de rose effleurent mollement le héros, et devant lui sa main dépose au pied d’un chêne le radieux trophée.

Fier des présens de l’Immortelle, et comblé des faveurs des dieux, Énée tressaille d’une noble joie. Ses regards enchantés parcourent dans tous les sens