Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces hauteurs, un chemin qui me conduise aux murs de Pallantée. »

À l’image de la gloire, Euryale étonné s’embrase d’une héroïque ardeur ; et déjà brûlant de se joindre à son bouillant ami : « Est-ce donc moi, Nisus, que tu n’oses associer à tes hardis projets ? Quoi ! seul, seul et sans moi, je te verrais voler à de si nobles périls ! Ah ! ce n’est pas ainsi qu’un père, que le vaillant Ophelte, au milieu des menaces d’Argos et des fatigues laborieuses d’Ilion, instruisit jadis mon enfance ; tel, avec toi, n’a point failli ton Euryale, depuis que nous suivons ensemble le magnanime Énée et son errante fortune. Là, oui, là palpite un cœur qui méprise la mort ; un cœur pour qui la vie ne paierait pas trop cher ce brillant honneur où tu cours. » « Non, répliqua Nisus, non, je ne craignais de toi ni terreurs ni faiblesse. Moi, t’accuser ! jamais ! Qu’ainsi puisse le grand Jupiter me rendre à l’amitié ceint des palmes de la victoire ! qu’ainsi puissent tous les dieux nous regarder dans leur amour ! Mais que de risques à courir dans ces périlleuses entreprises ! Ah ! si le destin contraire, si quelque dieu jaloux me réservait un coup funeste, consens, de grâce, consens à me survivre : si jeune, est-ce à toi de mourir ? Qu’un ami, quand je ne serai plus, ravisse au vainqueur ma dépouille, ou la rachète au prix de l’or, et la recouvre d’un peu de terre ! Qu’au défaut de mes tristes restes, il offre à mon ombre absente les libations funèbres, et lui consacre au moins la vaine image d’un tombeau ! Que je ne sois