Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/183

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chargé d’importans messages pour le roi des Rutules : trois cents soldats le composent ; de longs boucliers les couvrent, et Volscens est leur chef. Déjà ils approchaient du camp, et touchaient les murs qui le bordent, lorsque, dans le lointain, ils aperçoivent les deux guerriers s’éclipsant vers la gauche par un sentier secret. Le casque de Messape a réfléchi dans les ténèbres, où luit un jour douteux, les rayons naissans de l’aurore ; et cet éclat perfide trahit l’imprudent Euryale. « Non, mes yeux ne m’ont point trompé, s’écrie Volscens, du milieu de sa troupe. Arrêtez, soldats ! Quel dessein vous conduit ? D’où venez-vous armés ? Où portez-vous vos pas ? » Muets à ces questions, ils s’élancent, ils fuient dans les taillis voisins, et confient leur salut aux ombres de la nuit. À l’instant, les Latins se partagent ; et, postés aux détours connus, leurs gardes investissent toutes les issues de la forêt. C’était un bois sauvage, hérissé au loin de buissons et de chênes ténébreux, embarrassé de toutes parts de ronces entrelacées : à peine quelques sentiers obscurs en coupaient la noire épaisseur. La nuit de ces ombrages et le poids d’un riche butin retardent les pas d’Euryale : la peur l’égare ; il se perd dans ces chemins trompeurs. Nisus vole ; et déjà loin d’Euryale, il a trompé Volscens, et franchi ces lieux qu’Albe depuis nomma les champs Albains, mais où paissaient alors les riches troupeaux de Latinus.

Il s’arrête enfin, il regarde… Euryale, hélas ! est absent. « Euryale ! s’écrie-t-il ; ô malheureux Euryale !